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Affaire Snowden : « La surveillance généralisée est la porte ouverte au totalitarisme »
Article mis en ligne le 15 février 2014
dernière modification le 10 février 2014

Les révélations d’Edward Snowden sur les programmes de surveillance intrusive et généralisée de la NSA ont provoqué l’indignation, puis… plus rien. Du moins en France.

« Les Européens en général et les Français en particulier sont trop dépendants de la NSA pour émettre autre chose que des protestations formelles », explique Antoine Lefébure, historien des médias et expert des technologies de l’information. Ce pionnier des radios libres revient, dans un livre à paraître le 20 février, sur l’affaire Snowden et la manière dont les Etats-Unis espionnent le monde. Entretien. (...)

La NSA est restée totalement inconnue pendant de longues années parce que ses priorités sont techniques : c’est une agence d’écoute des communications. Or la principale caractéristique de ce type d’activité c’est qu’elle doit rester secrète sinon les gens se méfient. La NSA est parfaitement organisée pour garder ce secret, et a réussi à ne quasiment jamais faire parler d’elle jusqu’à aujourd’hui. (...)

après les attentats du 11 Septembre, on a assisté à une croissance vertigineuse de son budget et de ses pouvoirs. « L’ennemi est partout, il faut surveiller tout le monde » : voilà l’idée sur laquelle la NSA a prospéré. Aujourd’hui, l’objectif du gouvernement américain est d’assurer la sécurité globale du pays mais aussi son hégémonie mondiale. (...)

La NSA utilise trois techniques. La surveillance tous azimuts des communications, qu’elles passent par le téléphone, le téléphone mobile ou Internet. Cela consiste à ramasser l’intégralité des données par le contrôle de tous les supports, hertziens et câblés. Il faut savoir que tous les câbles sous-marins en fibre optique existant autour de la planète sont connectés aux trente-deux câbles transitant par les États-Unis, avec la Grande-Bretagne comme complice et relai qui en ont ainsi un contrôle quasi-absolu. La surveillance ciblée d’une personne ou d’un réseau de personnes, un gouvernement étranger par exemple. Enfin, la surveillance intrusive : quand les écoutes des communications ne suffisent pas et que la NSA cherche à obtenir des informations qui se trouvent sur des ordinateurs non connectés à Internet, elle entre dans leurs systèmes informatiques grâce notamment à des virus de surveillance qui permettent de relever régulièrement les données stockées. (...)

Son mode opératoire consiste à se mettre dans les process dès l’origine, au moment des brevets, et d’installer une « back door », c’est-à-dire une faiblesse qui leur permette de rentrer plus facilement dans le système informatique. On ne connaît pas le niveau de complicité des entreprises (...)

les Européens en général et les Français en particulier sont trop dépendants de la NSA pour émettre autre chose que des protestations formelles. Et puis comme ils font à leur population en petit ce que font les Américains en grand, il leur est difficile de donner des leçons de morale… La seule chance pour faire évoluer les choses, c’est une offensive au niveau mondial et la mise en place d’une norme internationale de protection contre l’espionnage généralisé, comme il existe une norme sur l’utilisation des armes chimiques. Pour y parvenir, il faut une mobilisation citoyenne d’ampleur. (...)

Dans les pays où l’information a été bien relayée, où il y a une sensibilité sur les libertés comme en Allemagne ou au Brésil, une majorité de citoyens a compris l’enjeu : une surveillance généralisée, c’est la porte ouverte au totalitarisme. On va commencer à ne pas signer de pétition parce que ça pourrait nous faire du tort, à ne pas donner notre opinion au cas où ça nous causerait préjudice… C’est rien moins que la démocratie qui est en danger ! (...)