Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
Afrique : Covid-19, « élites », dette, capitalisme et le « temps d’après » (1/3)
Article mis en ligne le 14 novembre 2020
dernière modification le 13 novembre 2020

(...) Dans cette première partie, l’auteur revient sur les différentes mesures prises par les dirigeants africains, et compare la propagation du virus avec les autres continents. Au-delà des statistiques concernant le nombre de personnes touchées, la Covid a aggravé les inégalités et la pauvreté. La nécessité d’augmenter les dépenses en santé corrélée à une chute drastique des recettes, ont amené nombre de chefs d’État africains à se prononcer en faveur d’une annulation de leur dette, néanmoins loin d’être entendue par les différents créanciers.

(...) Après leurs premiers cas, les États africains ont généralement été réceptifs, diversement certes, au « théâtre de la pandémie » [3] dont relevaient les appels – souvent considérés comme alarmistes, catastrophistes – lancés par le secrétaire général de l’ONU, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), etc. Ils ont ainsi instauré soit certaines des mesures préventives, soit toutes celles qui s’appliquaient déjà ailleurs : état d’urgence sanitaire, fermeture des établissements scolaires, des lieux de culte, des bars, restaurants et autres lieux de regroupement, arrêt des activités économiques jugées non essentielles, distanciation physique, port du masque, lavement régulier des mains, fermeture des frontières, instauration du couvre-feu nocturne, isolement de certaines villes, voire le confinement partiel ou total (considéré comme la mesure la plus efficace pour contrer une large propagation du virus, mais assez vite levé dans quelques cas). La majorité des États africains n’a pas confiné. En Tanzanie, par exemple, le président s’en est tout simplement remis à Dieu. C’est cette réaction assez rapide, dans sa diversité qui explique, entre autres [4], que l’Afrique ne connaît pas, jusqu’à présent, l’hécatombe annoncée. Même s’il faut souligner la rapide progression depuis deux mois (...)

c’est de façon hâtive que certaines voix africaines, et d’ailleurs, ont applaudi la gestion de la crise sanitaire par les gouvernants africains. Voire – comme par inversion du catastrophisme non dépourvu de relents coloniaux – les ont érigés en exemples [12], alors qu’ils n’ont fait qu’imiter ce qui s’était imposé ailleurs (la chronologie étant souvent évacuée). Ils n’ont fait que s’adapter (l’adaptation étant une injonction néolibérale selon la philosophe Barbara Stiegler). La faible contamination relevant par ailleurs de facteurs indépendants de quelque action/volonté humaine (...)

l’OMS a accompagné cette accentuation de la précarité de la santé publique en Afrique et ailleurs dans le Tiers-Monde, tout en coorganisant, certes, des campagnes sanitaires nationales ou internationales, sans grand impact car n’allant pas, en règle générale, jusqu’aux facteurs socioéconomiques et environnementaux des maladies, conformément à cette caractéristique des agences onusiennes du social : une ambiguïté subordonnée en dernier ressort à l’ordre capitaliste, hétérodoxe hier (mi-années 1940 à fin années 1970), puis néolibéral (à partir des années 1980). D’autant plus que ses principaux financeurs actuels, publics (à l’instar des États-Unis d’Amérique, d’avant la décision de s’en retirer prise par le président « agent orange » [25] – sobriquet attribué à Donald Trump par le cinéaste Spike Lee) autant que privés (à l’exemple de la Fondation Melinda et Bill Gates), sont, de notoriété publique, des activistes et bénéficiaires du néolibéralisme. Certain·e·s sont, par exemple, actionnaires de ces firmes pharmaceutiques (s Pharma) profiteuses de la sur-médicamentation. (...)

le FMI va puiser dans un fonds qu’il gère, alimenté par d’autres, de quoi rembourser partiellement la dette de ces 25 États les plus pauvres, dont 19 africains, au … FMI. Ce qui, certes, va alléger momentanément leur fardeau, mais est très loin de l’annulation revendiquée, espérée. Autrement dit, rien de nouveau par rapport à ce qui est pratiqué (réduction partielle sélective), sans la couverture médiatique actuelle, depuis trois décennies par le Club de Paris, des États extérieurs au Club de Paris comme la Chine, les institutions de Bretton Woods (à l’instar de leur initiative Pays pauvres très endettés/PPTE), etc. En fait, beaucoup de bruit pour presque rien, pour pasticher l’autre.