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Afrique subsaharienne : Croissance, pauvreté et chômage
Article mis en ligne le 5 août 2013
dernière modification le 31 juillet 2013

Les performances économiques en Afrique subsaharienne, si elles réduisent le ralentissement de l’économie capitaliste mondiale, ne s’accompagnent pas d’une réduction effective de la pauvreté. Le dernier rapport, année 2013, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) affirme qu’une personne sur quatre vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde est un-e Africain-e subsaharien-ne.

Les « objectifs du millénaire pour le développement », s’avèrent ainsi, à deux ans du terme, l’attrape-gogos qu’ils paraissaient dès le départ concernant, entre autres objectifs, l’élimination de « l’extrême pauvreté » et de la faim en Afrique comme dans le reste du monde |1|. Cette « extrême pauvreté » tend d’ailleurs à se développer dans les sociétés capitalistes développées, qui étaient exclues du programme onusien. Jusque dans le pays capitaliste qui est encore considéré comme le plus développé.

La quasi-totalité des pays africains se caractérisent par la coexistence d’une forte croissance du PIB avec un taux élevé de pauvreté. C’est d’ailleurs la même BAD qui a constaté la croissance des pauvres en Afrique subsaharienne (...)

L’Afrique subsaharienne demeure une sous-région où prolifèrent les emplois dit vulnérables ou non décents, surtout pour la main-d’œuvre féminine |3|. Ce qui, compte tenu de l’enracinement de la culture de l’inégalité des genres, est souvent considéré comme un fait normal. Cette pauvreté des travailleuses/travailleurs s’explique non seulement par la place qu’occupe le secteur informel, mais aussi par la violation permanente des droits des salariés quand ils n’ont pas été réduits quasiment à néant par les législations néolibérales — les dites réformes des années 1980-1990 — plus préoccupées par l’attraction des investissements étrangers que par la protection sociale des petit-e-s salarié-e-s. De nombreux législateurs locaux, chargés d’entériner les instructions de la technocratie internationale en la matière, étant par ailleurs des employeurs de main-d’œuvre servile ou en ayant le projet.

L’avenir promet une croissance de ce type d’emplois, eu égard aux projets de zones franches économiques que de nombreux gouvernements déclarent avoir au programme de leur coopération avec les investisseurs étrangers. (...)

Ladite croissance s’accompagne presque partout de l’aggravation des inégalités, des injustices sociales. L’Afrique du Sud et l’Angola font partie des pires cas mondiaux, mais d’autres pays tels que la Zambie, le Nigeria, le Rwanda, le Kenya, le Mozambique, le Ghana, l’Ouganda, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, figurent dans le palmarès de la croissance des inégalités. (...)

tout en bas de l’échelle sociale, c’est la croissance de la mendicité pour ceux et celles qui ne sont pas sûr-e-s d’avoir l’équivalent de 1,5 $ pendant la journée afin de ne pas être obligé-e-s de voler pour acheter un morceau de pain ou quelques bananes et des cacahuètes ; c’est la déscolarisation massive des jeunes filles dictée par la phallocratie des familles incapables d’assurer les charges scolaires ; ce sont les enfants qui meurent de maladies bénignes dans les dispensaires ruraux dépourvus de presque tout, ou d’épidémies récurrentes, par exemple de choléra, dues à l’insalubrité des villes gérées par des kleptocrates ; ce sont les masses de jeunes chômeurs dans les bidonvilles où les fractions politiciennes néocoloniales arrivent à recruter, entre autres, des victimes de l’exode rural qui serviront de main-d’œuvre milicienne pour les guerres civiles motivées par l’accumulation, mais revêtues d’identité ethnique, régionale ou religieuse. Ce sont ces prolétaires aux salaires de misère et s’essayant, parfois, en même temps dans le petit commerce informel dans l’espoir de joindre les deux bouts.