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Aidez-nous ! Des femmes de l’industrie indienne écrivent une lettre décrivant les abus sexuels au travail
Article mis en ligne le 17 novembre 2016

Une lettre signée par six femmes travaillant dans une usine de filature, au sud de l’Inde, décrit le harcèlement sexuel auquel elles font face au travail. Un appel à l’aide, qui raconte l’exploitation massive des femmes dans l’industrie multimilliardaire du textile.

« Il se colle sans arrêt contre nous, nous prend dans ses bras et nous tripote la poitrine », écrivent les employées, en décrivant le comportement de leur superviseur. « Toute travailleuse qui résiste à ses avances perd une partie de son salaire. On a besoin de ce travail et on ne sait pas avec qui parler des abus auxquels on fait face tous les jours. S’il vous plait, aidez-nous. »

Envoyée au directeur des affaires sociales du district de Dindigul, la lettre de huit pages datée 29 août est un appel à l’aide de la part de ces femmes abusées et exploitées, selon les activistes des droits humains qui ont lancé cette campagne. (...)

« C’est la première fois que l’on collecte autant de détails crus sur des abus encore en cours. La lettre a révélé la face cachée de l’industrie textile dans la région. »

De son côté, la direction de l’usine a déclaré ne pas avoir eu connaissance de ce courrier et n’avoir reçu aucune plainte officielle. « Il y avait eu des accusations non confirmées contre la même personne de la part d’une travailleuse il y a environ un an. On lui avait fait parvenir un avertissement et on a licencié la travailleuse pour éviter des problèmes futurs », a déclaré K.R. Shanmugavel, senior manager à l’usine Rama Spinning.

L’Inde est un des plus importants fabricants de textile et de vêtements dans le monde (40 milliards de dollars par an). La plupart des travailleur.euse.s employé.e.s dans cette industrie sont coincé.e.s par les dettes, doivent faire face à des abus ou sont forcé.e.s de travailler de longues heures dans des conditions déplorables, décrivent les activistes. Les usines de teinture, de textile et de l’habillement recrutent une main-d’œuvre bon marché dans les villages environnants pour transformer le coton en fil, tissus et vêtements, principalement pour de grandes firmes occidentales. On estime que plus de 2.000 unités emploient quelque 300.000 personnes, principalement des jeunes femmes pauvres, illettrées et appartenant aux castes les plus basses, des « Intouchables ».

Environ 100 femmes travaillent dans l’usine Rama Spinning. « Les insultes sont permanentes et les autres travailleurs sont encouragés à nous réclamer des faveurs sexuelles », lit-on dans la lettre. Certaines femmes désespérées acceptent cette exploitation et sont exemptées de travail supplémentaire. Mais celles d’entre nous qui résistent sont forcées de se plier aux ordres. N’importe quel signe de protestation a pour conséquence une réduction du salaire. On peut tolérer la réduction des salaires et le travail supplémentaire. Ce qu’on ne peut pas tolérer c’est le harcèlement sexuel. C’est quelque chose dont on ne peut pas parler à nos familles. On a peur d’aller au travail, tous les jours. »

Ces femmes ne peuvent contacter le propriétaire de l’usine, qui habite dans une autre ville et fait confiance à son manager.

De son côté, le directeur des affaires sociales de Dindigul, G. Shanti, a déclaré qu’ils étaient en train de monter un comité d’enquête pour inspecter l’usine et vérifier les allégations.