
France Nature Environnement a timidement contesté le 3 septembre 2017, par communiqué de presse, l’actuelle campagne de propagande massive conduite en faveur de la réutilisation des eaux usées (Re-use ou Reut en France), par les autorités européennes, françaises, relayant les ambitions de Veolia et Suez, comme de la FNSEA, qui se sont de belle date prononcées en faveur de cette fuite en avant technologique, qui est une aberration environnementale et sanitaire. Thierry Uso, membre d’Eau secours 34 et de l’European Water Movement, critique cette illusion funeste.
La REUT peut aussi servir à la recharge (artificielle) des nappes comme le dit la commission européenne. C’est mis en place à Barcelone : les eaux usées traitées sont injectées dans les nappes du Llobregat dans lesquelles est pompée l’eau servant à la production d’eau potable de la métropole de Barcelone. Les barcelonais boivent donc de l’eau du robinet (ou plutôt ne boivent pas parce qu’elle est dégueulasse) qui est réutilisée 7 à 8 fois en moyenne. Cela pose un grave problème sanitaire parce que l’eau potable concentre les micropolluants présents dans les eaux usées traités et qui ne sont ni éliminés par le processus de potablisation ni pris en compte dans les analyses. C’est Agbar, filiale de Suez, qui est à la manoeuvre et c’est Suez qui pousse à la recharge artificielle des nappes en France en s’affirmant le spécialiste de la technologie.
Singapour est un des rares pays dans le monde à utiliser l’eau usée traitée pour produire de l’eau potable. L’île est très peuplée et n’a aucune ressource en eau. La potabilisation utilise les techniques les plus modernes (osmose inverse) avec pour conséquence un prix du m3 d’eau potable quasiment 10 fois celui de la France. Cela n’est pas un problème pour Singapour dont le PIB par habitant est très élevé mais pour les autres...
L’eau qui sort de la plupart des STEP françaises est très chargée en phosphate et nitrate, contient plusieurs agents biologiques pathogènes et des micropolluants qui sont peu ou pas éliminés. Rejeter les eaux usées traitées dans les cours d’eau sans un post-traitement retirant phosphate et nitrate provoque l’eutrophisation des cours d’eau. (...)
Les entreprise privées du domaine de l’eau (Veolia, Suez and co) font un lobbying effréné pour le développement de la REUT en France parce que c’est un business juteux. Et contrairement à la propagande autour de l’économie circulaire, les eaux usées traitées ne seront pas une ressource de substitution préservant les eaux souterraines et superficielles mais vont s’ajouter aux prélèvements existants. En théorie la REUT est séduisante mais dans la pratique elle va empêcher toute forme de remise en cause du modèle de développement actuel face au changement climatique. Par exemple, l’agence de l’eau RMC envisage la REUT pour la fabrication de neige artificielle dans les stations de sky. Est-ce bien raisonnable ?
De plus, la REUT a un coût non négligeable. Regardez qui paie pour un projet de REUT et qui en profite ; ce ne sont pas toujours les mêmes, loin s’en faut. (...)