
L’ancien homme de confiance d’Emmanuel Macron à l’Élysée est rejugé à partir de vendredi devant la cour d’appel de Paris pour les violences du 1er mai 2018 et plusieurs autres délits.
Où l’on reparle d’Alexandre Benalla. L’ancien « monsieur Sécurité » d’Emmanuel Macron à l’Élysée, où il avait le titre d’adjoint au chef de cabinet du président de la République, comparaît à partir de vendredi 9 juin, devant la cour d’appel de Paris. Il doit être rejugé jusqu’au 16 juin en compagnie de son ami Vincent Crase pour les violences du 1er mai 2018, place de la Contrescarpe et au Jardin des Plantes, et pour plusieurs autres délits : l’utilisation d’images de vidéosurveillance appartenant à la préfecture de police, le selfie avec arme à feu pendant la campagne présidentielle de 2017, et enfin l’utilisation de passeports diplomatiques.
Le tout lui vaut d’être poursuivi pour pas moins de 12 infractions, allant de « violences volontaires en réunion » à « immixtion sans titre dans l’exercice d’une fonction publique », en passant par « port d’arme de catégorie B » ou encore « faux et usage de faux ». Alexandre Benalla risque théoriquement jusqu’à sept ans de prison. (...)
En première instance, bien qu’il ait bénéficié de réquisitions clémentes du parquet de Paris, l’ancien homme de confiance d’Emmanuel Macron avait été condamné fin 2021 à trois ans de prison dont deux avec sursis, 500 euros d’amende, avec interdiction d’exercer toute fonction publique pendant cinq ans, de détenir et de porter une arme pendant dix ans, et confiscation de ses armes. (...)
Le jugement fustigeait également l’attitude du jeune homme pendant l’instruction et lors du procès : il a « nié les faits », « refusé de reconnaître sa responsabilité pénale », et a « constamment mis en cause les déclarations des témoins, parties civiles, et évolué dans ses déclarations en s’adaptant aux éléments établis ».
Le gendarme réserviste Vincent Crase, agent de sécurité à En Marche, puis à l’Élysée au moment des faits, avait écopé pour sa part de deux ans de prison avec sursis, 500 euros d’amende, avec interdiction de porter et de détenir une arme pendant dix ans, et confiscation de ses armes. Quant aux policiers Maxence Creusat et Laurent Simonin, condamnés à des peines symboliques sans inscription au casier judiciaire, ils n’ont pas fait appel. (...)
Sous la pression, l’Élysée finira par congédier ce collaborateur devenu trop encombrant. Alexandre Benalla a pourtant continué à bénéficier du soutien d’Emmanuel Macron, comme l’ont montré des enregistrements de conversations révélés par Mediapart. Le parquet de Paris s’était (encore) signalé en tentant de perquisitionner Mediapart pour trouver l’origine des enregistrements, en février 2019, ce qui a finalement valu à l’État d’être condamné pour atteinte à la liberté de la presse et à la protection des sources.
Une affaire d’État
Loin d’être une série de faits divers isolés, l’affaire Benalla est une affaire d’État. C’est ce qu’a pointé la commission d’enquête du Sénat en février 2019, dans un rapport accablant de 120 pages. (...)
La promotion météorique par Emmanuel Macron d’un Alexandre Benalla qui, avant d’être nommé à l’Élysée, n’avait comme expérience professionnelle que le service d’ordre du PS, puis celui d’En Marche, reste un mystère. Tout comme la disparition de son coffre-fort et les puissantes protections dont il a disposé. Ayant pénétré au plus près du pouvoir, Alexandre Benalla avait su se rendre indispensable auprès du couple Macron, et devenait détenteur de certains secrets.
Reconverti dans la sécurité privée, le jeune homme (31 ans) résiderait aujourd’hui à Genève, et semble mener une activité florissante. Il a notamment obtenu des contrats auprès de deux oligarques russes proches de Vladimir Poutine (Iskander Makhmudov et Farkhad Akhmedov), signés avant et après son départ de l’Élysée, pour un montant total de 2,2 millions d’euros. Benalla avait également décroché un contrat de protection avec l’ambassadrice des Émirats arabes unis à Paris.
Alexandre Benalla n’en aura pas forcément terminé avec la justice après ce procès en appel. Son nom est cité dans deux autres enquêtes judiciaires en cours : celle sur ses contrats russes, et celle sur la disparition de deux coffres-forts.