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Algérie : lettre ouverte au Secrétaire Général de l’ONU M. António Guterres
Collectif des Révolutionnaires Libres
Article mis en ligne le 30 octobre 2020

Voilà plus de 17 mois déjà que nous avons entamé à travers des plaintes successives des tentatives de vous interpeller sur la situation des droits humains en Algérie. Mais, à notre grand regret à ce jour et ce malgré des violations graves et avérées perpétrées par un régime militaire dictatorial, vous n’avez pas daigné ne serait-ce que tenter de vous informer sur le bien fondé de nos plaintes, et bien pire encore par votre silence vous semblez détourner vos regards sur une situation qui ne cesse de se dégrader.

En effet, si le pouvoir militaire en Algérie est encouragé par le mutisme de beaucoup de pays qui se réclament des valeurs universelles des droits de l’homme, et de démocratie sous prétexte de non-ingérence dans les affaires internes du pays, que dire alors de l’absence de réaction d’une institution internationale telle que celle que vous dirigez et dont le rôle premier est d’interpeller tout pays qui en est membre, comme le nôtre, sur une quelconque dérive en matière de justice ou d’atteintes graves aux droits humains. Cette complicité qui ne dit pas son nom galvanise le pouvoir en place qui, pandémie aidant, a fermé tous les espaces d’expression, restreint les libertés fondamentales telles que celles de circuler ou de protester. Il se complait dans ce huis clos imposé au peuple algérien pour réprimer, violenter, arrêter, emprisonner sous des prétextes fallacieux que n’auraient pas renié les pires dictatures du siècle passé (comme celle de Pinochet au Chili dont Mme Bachelet est originaire).

Les nombreuses violations à la constitution algérienne censée être le socle fondamental de nos lois et notamment celles garantissant les libertés individuelles et collectives dénaturent complètement ce texte, et l’ont rendu à géométrie variable et malléable entre les mains de la dictature. Cette dernière, comble de l’ironie, et après un simulacre d’élections présidentielles largement boycottées par le peuple algérien à l’issue desquelles elle a désigné un président illégitime, s’apprête à organiser un pseudo référendum sur une révision de la constitution qui va renforcer les pouvoirs d’un président entre les mains d’un pouvoir occulte.

La mort d’une jeune adolescente brûlée vive après avoir été violée par son assaillant, a fait l’objet d’un réquisitoire inique par un avocat officiant au niveau du Ministère de la justice, qui affirmait que son assassinat était dû a ses moeurs douteuses et à la mauvaise éducation reçue de ses parents. Cette réaction honteuse et inacceptable de justifier un mettre odieux d’un être humain a été reprise par un professeur en pédiatrie et a déchaîné les passions sur les réseaux sociaux. Des marches de protestation a travers plusieurs villes d’Algérie et a l’étranger ont été organisées pour dénoncer des feminicides abjects et interpeller le pouvoir .

La nonchalance complice des autorités a quelque part déclenché d’autres meurtres similaires ces derniers jours.

Tout ceci n’est possible que par le silence assourdissant au niveau international et plus particulièrement celui des Nations Unies garantes des libertés des peuples. (...)

Plusieurs voix s’élèvent en Algérie et à l’étranger, pour dénoncer avec vigueur toutes ces atteintes aux droits les plus élémentaires des algériens (ci-joint une déclaration très récente d’un célèbre avocat Maître Mokrane Ait Larbi, qui nous renseigne sur l’état de déliquescence atteint par notre pays en matière de justice).

Si un rapporteur spécial indépendant consulté par le Haut Commissariat aux droits humains a fait un constat sévère sur la situation des droits de l’homme en Algérie, et que le comité relatif aux détentions arbitraires a dans son compte rendu du 30 Août 2020, dénoncé le jugement prononcé contre un ex-détenu du Hirak Mr. Messaoud Leftissi et a exigé sa réhabilitation, il n’en demeure pas moins que votre absence de réaction officielle nous interpelle, et génère un grand nombre de questionnements quant à votre rôle de défenseur suprême des droits de l’homme.

Vos excellences, qu’attendez-vous pour dénoncer une dictature, qui sévit plus que jamais et qui bâillonne les voix de dizaines de millions de citoyens ? Comment pouvez-vous expliquer votre politique de deux poids et deux mesures, quand il s’agit d’un autre pays tel que la Biélorussie pour lequel vous avez été prompts à dénoncer une élection truquée, et une répression à l’encontre des citoyens biélorusses ? Sans vouloir minimiser la révolution biélorusse qui s’étend. Nous pouvons vous assurer que la révolution algérienne est aussi digne sinon davantage de votre intérêt. (...)