Colère dans la capitale allemande après la décision des juges de déclarer anticonstitutionnelle la mesure instaurée par son gouvernement de gauche. Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés ce week-end dans les rues de Berlin. Les associations de locataires et le parti Die Linke engagent la contre-attaque.
Le gouvernement du Land berlinois était passé à l’action à la suite de larges mobilisations des associations de locataires de la capitale, confrontés à l’explosion du prix des loyers qui ont augmenté de plus de 60 % sur les dix dernières années. (...)
Le plafonnement entré en vigueur, dans la dernière phase de mise en application de la loi, il y a un peu plus d’un an, prévoyait d’interdire toute hausse supérieure de 1,3 % sur les prix de 2019 et enclenchait même une procédure de baisse pour tous les loyers qui dépassaient de 20 % un plafond légal établi à 6,45 euros le mètre carré. Concrètement, cela a signifié un allégement de leurs quittances pour quelque 365 000 locataires, au montant souvent important, jusqu’à plus de 100 euros pour un appartement de 100 mètres carrés. (...)
La droite à la manœuvre
Prudemment, les juges de la Cour de Karlsruhe, qui statuaient sur un recours déposé par la droite (la CDU et le FDP) soutenue par l’extrême droite (AfD), se sont gardés de juger sur le fond : le gouvernement du Land aurait outrepassé ses prérogatives pour légiférer sur un sujet, l’encadrement des loyers, dont la compétence échoit exclusivement à la fédération. Dans la contre-attaque aussitôt engagée, l’association des locataires berlinois (BMV) et Die Linke s’appuient sur l’absence de griefs contre le contenu de la loi pour revendiquer du gouvernement fédéral qu’il mette en place « un plafonnement national des loyers ». Le SPD, pourtant partie prenante du gouvernement de grande coalition, s’est associé à cette demande. (...)
Pour les Berlinois, qui sont encore à plus de 75 % locataires de leur logement, le verdict des juges va avoir un impact terrible.
(...) Car, à l’instar de Deutsche Wohnen, le plus gros des propriétaires berlinois (115 000 logements), contrôlé par le tentaculaire fonds d’investissement états-unien BlackRock, plusieurs sociétés immobilières ont fait savoir qu’elles allaient exiger un versement des augmentations de loyers non perçues, cumulées depuis le lancement de l’application de la loi berlinoise. (...) Une pétition circule
Die Linke a annoncé qu’elle allait faire de cette question du contrôle des loyers à l’échelle nationale l’un des grands thèmes de sa campagne pour l’élection du Bundestag de la fin de septembre prochain. À Berlin, le parti entend renforcer sa contre-attaque en redoublant d’efforts afin d’obtenir la convocation d’un référendum d’initiative populaire pour « l’expropriation de Deutsche Wohnen and co ». (...)