Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Monde
Alors que s’éteignent les éléphants d’Afrique, les Chinois ont pris le contrôle des routes de l’ivoire
Article mis en ligne le 8 septembre 2017

Une étude de l’ONG TRAFFIC montre que les trafiquants asiatiques gèrent intégralement la filière clandestine, des forêts du Congo aux boutiques de Shanghai.

La Chine n’est pas seulement le principal débouché du commerce illégal de l’ivoire en Afrique centrale. Ses trafiquants ont implanté leurs réseaux criminels pour contrôler tous les rouages d’une entreprise qui menace la survie d’une des espèces les plus emblématiques de la faune sauvage. En l’espace d’une décennie, de 2002 à 2011, le nombre des éléphants d’Afrique centrale a chuté de plus de 60 %. C’est aussi le temps qu’il a fallu pour que les filières chinoises s’installent en lieu et place des opérateurs locaux, comme le révèle une étude publiée jeudi 7 septembre par l’ONG TRAFFIC, spécialisée dans la surveillance du commerce illégal des espèces de faune et de flore.
(...)

L’enquête menée dans cinq pays – Centrafrique, Cameroun, Gabon, Congo et République démocratique du Congo – s’appuie sur des données de terrain recueillies dans onze villes entre 2007 et 2009 puis entre 2014 et 2015. Alors que le trafic d’ivoire est devenu un enjeu de sécurité régionale, il n’existait aucune photographie précise et récente de ce commerce. La dernière étude importante sur le sujet remontait à 1999, dix ans après l’embargo international sur le commerce de l’ivoire. (...)

« Avant, le trafic de l’ivoire servait un marché domestique qui alimentait une économie locale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où les acteurs africains ont tendance à être court-circuités. La plus-value financière de ce trafic revient certainement davantage aux Asiatiques qu’aux Africains, note Stéphane Ringuet, tout en soulignant que « la contrebande ne peut prospérer sans une bonne dose de corruption et de collusion locales ». (...)

L’étude de TRAFFIC précise que « l’implication de fonctionnaires de haut rang dans l’administration, la justice et la défense a été mentionnée dans tous les pays observés ».(...)

Les frontières demeurent poreuses et face à cette criminalité organisée, les moyens déployés restent insuffisants. La mobilisation internationale décrétée au plus haut niveau n’a jusqu’à présent pas permis d’enrayer l’extinction progressive des éléphants d’Afrique centrale. Stéphane Ringuet voit toutefois une lueur d’espoir dans le récent revirement de la Chine. Après être longtemps resté sourd aux interpellations des défenseurs de l’environnement, Pékin a pris l’engagement de fermer son marché domestique de l’ivoire d’ici la fin de cette année. C’est désormais de l’application – ou non – de cette mesure que dépend la survie des derniers éléphants d’Afrique centrale.