
Après la plainte déposée par sept dirigeants de la Fédération française de tennis (FFT) pour « détournement de biens » et « corruption », Anticor fait à son tour un signalement au Parquet national financier. L’Agence française anticorruption a ouvert une enquête.
C’est décidément une bourrasque qui s’abat sur la Fédération française de tennis (FFT). Après la plainte déposée le 16 mars auprès du Parquet national financier (PNF) par sept dirigeants ou anciens dirigeants de la FFT pour « détournement de biens publics » et « corruption » et dont Mediapart avait révélé le détail, visant explicitement le président de la fédération, Gilles Moretton, et deux de ses proches, c’est au tour d’Anticor de se saisir de l’affaire : selon nos informations, l’association anticorruption a adressé le 24 mars, toujours au PNF, un signalement faisant valoir que de tels délits de détournement de biens publics et de corruption auraient bel et bien été commis.
Dans le même temps, l’Agence française anticorruption a, de son côté, ouvert une enquête qui vise la Fédération française de tennis.
Jusqu’à présent, le président de la FFT, Gilles Moretton, avait réagi à la première plainte en faisant valoir qu’il s’agissait de très vieilles histoires sans fondement, réactivées par rancœur par certains de ses opposants au sein de la fédération. (...)
Mais avec l’intervention d’Anticor, la parade risque de ne plus fonctionner. Son signalement pourrait bien aggraver la crise qui déstabilise la direction de la FFT, et éclabousse au passage la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra. Du temps où elle était directrice générale de la fédération, elle a participé à un vote pour essayer d’étouffer l’affaire. À la crise sociale qui secoue la fédération du fait d’un management brutal vient s’ajouter une crise judiciaire. (...)
la présidente d’Anticor explique la lenteur de la justice dans les dossiers qui concernent la FFT mais elle est aussi de portée beaucoup plus générale : « La lenteur des dossiers judiciaires, en particulier dans les affaires financières, est un mal endémique qui nuit au bon fonctionnement de notre État de droit. Anticor, qui suit au quotidien plus de 150 dossiers nationaux, est malheureusement aux premières loges de ce dysfonctionnement systémique. »
Élise Van Beneden n’en veut pas aux juges mais au « sous-financement chronique de la justice comme de nombreux services publics ». (...)