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La vie des idées
Apprendre l’émancipation
#feminisme #education
Article mis en ligne le 4 mars 2023
dernière modification le 3 mars 2023

Si l’éducation a toujours été une préoccupation centrale du féminisme, on mesure la complexité que cette question revêt au fil de la lecture de l’ouvrage de Vanina Mozziconacci : dans cette monographie volumineuse alliant philosophie, pédagogie et théorie féministe, l’autrice montre que l’éducation féministe se situe à la croisée de multiples rapports, notamment entre l’individu et le social, le privé et le public, la famille et l’école.

Il s’agit donc surtout de « prendre la mesure des tensions » (p. 21) qui la traversent, tout en se donnant la tâche, difficile, d’élaborer à son tour les principes et les bases d’une éducation féministe, ce qui « doit aller avec l’ambition radicale de transformer les institutions éducatives » (p. 26, je souligne)

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L’éducation : nœud des luttes féministes (...)

Les partisans de l’universalisme considèrent que l’éducation devrait être la même pour les hommes et les femmes, et se satisfont d’appeler universelle cette éducation qui fut pourtant longtemps réservée aux garçons, tandis que l’approche différentialiste considère qu’il existe un écart fondamental entre hommes et femmes dont l’éducation doit tenir compte. Ces deux options constituent pour l’autrice un « pseudo-choix entre “rester des femmes” ou “être comme des hommes” » (p. 59) Il s’agit d’un faux dilemme, puisqu’une troisième voie existe, celle d’un universalisme gynocentré, qui met en lumière la valeur de certains aspects de l’éducation féminine (et féministe) pour les hommes et les femmes : c’est cette voie qu’emprunte V. Mozziconacci dans les deuxième et troisième parties de l’ouvrage. (...)

Le sujet de l’éducation n’est plus individuel mais collectif : ce sont les femmes en tant que groupe social construit par le patriarcat, et non en tant que sujets individuels pour les droits de qui on lutte, dont il s’agit de penser l’éducation féministe.
Pédagogies critiques et féministes (...)

En faisant dialoguer pédagogie féministe et pédagogie critique, V. Mozziconacci répond donc à deux questions centrales. La première porte sur l’intersection des oppressions : comment penser la relation éducative à l’intersection des structures d’oppression de sorte à en minimiser les effets nocifs ? La seconde porte sur l’institution : comment élaborer une pédagogie féministe et critique dans une institution patriarcale, dans la mesure où l’école (mais aussi et surtout l’université, où peut se déployer un programme de pédagogie féministe avec les départements et programmes d’études féministes et de genre) repose encore aujourd’hui sur un rapport hiérarchique maître-élève et une éducation androcentrée ? (...)

La théorie féministe intersectionnelle vient compliquer l’idée d’une éducation horizontale, égalitaire et symétrique car les rapports d’oppression sont multiples, ce qui met à mal une conception binaire des catégories d’enseignant·e et d’apprenant·e. En conséquence, il faut rendre possible une éducation sensible aux rapports de pouvoir (...)

Une pratique de liberté exige de remettre en question l’éducation comme institution politique, et l’idée qu’un système éducatif peut être bouleversé par la seule transformation des attitudes enseignantes est un leurre. (...)

Utopies éducatives : une pensée radicale du care (...)

Un certain européocentrisme (...)