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Basta !
Après la chasse aux communistes, les Etats-Unis se lancent dans la traque aux écologistes
Article mis en ligne le 5 octobre 2013
dernière modification le 4 octobre 2013

Le FBI lui a proposé d’infiltrer son groupe militant. Il a décidé d’écrire un livre sur la chasse aux « éco-terroristes ». Dans Green is the New Red, pas encore publié en France, le journaliste étasunien Will Potter dénonce l’utilisation du qualificatif « terroriste » appliqué abusivement à des militants écologistes. Certains ont été lourdement condamnés depuis le 11 septembre 2001. Il pointe également le lobbying de plusieurs entreprises pour renforcer cette répression. Un air de déjà vu : c’était dans les années 1950, la menace était Rouge. Aujourd’hui, elle est verte. Entretien.

Basta ! : Comment avez-vous commencé à travailler sur l’éco-terrorisme ?

Will Potter : Je couvrais l’actualité chaude et les homicides pour le Chicago Tribune. Je devais traiter les meurtres en interviewant les familles. Cela me laissait avec des idées noires ! C’était un super travail mais j’avais l’impression de ne pas avoir d’impact positif sur le monde. A l’université, j’avais côtoyé de nombreux mouvements de justice sociale. J’ai donc décidé de m’y investir. J’ai commencé en distribuant des tracts contre une entreprise qui teste des produits sur les animaux, Huntingdon Life Sciences. Je pensais que c’était un engagement sans danger, qui me permettait de continuer de travailler sans problème comme journaliste. Mais nous avons tous été arrêtés et accusés de « conduite contraire aux bonnes mœurs » (disorderly conduct) ! Ces charges ont bien sûr été abandonnées, mais quelques jours plus tard, deux agents du FBI me rendaient visite, chez moi. Ils m’ont expliqué qu’à moins que je ne devienne un informateur, que j’infiltre les groupes de défenses des droits des animaux, ils allaient me mettre sur la liste des terroristes intérieurs (vivant sur le territoire états-unien, ndlr). (...)

En diffusant la peur parmi la population, cette répression vise à décourager la dissidence et l’opposition. L’objectif est de bâillonner un mouvement social grandissant, concret, qui menace les profits des entreprises. Ces stratégies ont été utilisées depuis de nombreuses années. Elles se sont intensifiées depuis le 11 septembre. Le jour des attaques du World Trade Center, des politiques prétendaient publiquement que leurs auteurs pouvaient être des éco-terroristes ! Cette rhétorique terroriste a été immédiatement utilisée et étendue aux activistes politiques afin de défendre les priorités des entreprises. (...)