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Libération
Après le meurtre de Khashoggi, le blason terni de l’Arabie saoudite
Article mis en ligne le 2 novembre 2018

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane tient toujours d’une main de fer les affaires du royaume, mais l’indignation face au meurtre du journaliste Jamal Khashoggi a terni sa réputation et réduit sa marge de manoeuvre internationale, selon des analystes.

Il y a quelques mois encore, l’héritier du royaume le plus puissant du Moyen-Orient était loué par des dirigeants et médias étrangers pour ses réformes —permission donnée aux femmes de conduire, ouverture de cinémas— et son ambition affichée de remodeler l’économie de ce pays pétrolier. Même si ce prince de 33 ans surnommé « MBS » concentrait des pouvoirs inédits.

Le meurtre, le mois dernier dans le consulat saoudien à Istanbul, de Jamal Khashoggi, critique du prince héritier, a toutefois terni l’image de « MBS », bien que Ryad évoque une « opération non autorisée » par le pouvoir saoudien.

« Dans le climat actuel, l’Arabie saoudite, le gouvernement saoudien et le prince lui-même sont vus comme radioactifs en quelque sorte », relève Hussein Ibish, chercheur à l’Institut Arab Gulf States à Washington.

« On ne sait pas exactement combien de temps cela durera. L’Arabie saoudite n’est pas exactement un paria à l’international, mais une entité au blason terni », dit-il à l’AFP.

Les retombées du meurtre n’ont pour l’instant pas menacé la position du prince héritier dans son pays, où il a neutralisé les dissidents et resserré son contrôle sur l’armée et les services de sécurité. (...)

Le scandale Khashoggi a jeté une lumière crue sur d’autres sujets comme l’intervention militaire saoudienne dans la guerre au Yémen où la coalition dirigée par Ryad a été accusée d’avoir bombardé des civils et d’aggraver la crise humanitaire.

Les Etats-Unis ont réclamé cette semaine un cessez-le-feu d’ici un mois, incluant un arrêt des bombardements de la coalition.

 « Traîner dans la boue » -

Les spéculations vont aussi bon train sur d’éventuelles concessions à la Turquie comme la levée du blocus saoudien contre le Qatar. Surtout après le surprenant compliment fait par MBS sur l’économie qatarie la semaine dernière.

En Arabie saoudite, les nationalistes encouragent le soutien au prince en inondant les réseaux sociaux de poèmes à sa gloire tandis que les dirigeants s’attachent à montrer que la vie continue normalement, s’affichant à de nombreux événements publics.

Certains Saoudiens ne semblent suivre que de loin l’affaire Khashoggi, se basant sur la presse nationale qui laisse entendre qu’il s’agirait d’un complot pour nuire au prince (...)