
Notre rapport montre comment les autorités saoudiennes, malgré le discours qu’elles tiennent sur les réformes, utilisent le Tribunal pénal spécial pour réduire systématiquement l’opposition au silence.
Parallèlement à ce rapport, nous lançons une campagne pour demander la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes défendant les droits humains qui sont détenues pour s’être exprimées de manière pacifique.
Les voix critiques réduites au silence
Dans notre rapport, nous constatons les terribles conséquences des poursuites engagées devant ce tribunal contre des défenseurs des droits humains, des écrivains, des économistes, des journalistes, des religieux, des réformistes et des militants politiques, ainsi que des personnes appartenant à la minorité chiite d’Arabie Saoudite. Dans de nombreux cas, ces personnes ont fait l’objet de procès qui manquaient cruellement d’équité à l’issue desquels des peines lourdes, y compris la peine de mort, ont été prononcées. (...)
Le gouvernement saoudien utilise le Tribunal pénal spécial pour créer une fausse impression de légalité afin de masquer l’usage abusif qu’il fait de la Loi de lutte contre le terrorisme dans le but de réduire ses détracteurs au silence. Chaque étape de la procédure judiciaire de ce tribunal est entachée de violations des droits humains (...)
Au moment même où elles ont introduit une série de réformes positives en faveur des droits des femmes, les autorités ont instauré une répression intense contre les militantes qui se battaient depuis des années pour ces réformes. (...)
La Loi de lutte contre le terrorisme, qui définit de manière excessivement générale et vague les termes « terrorisme » et « infraction terroriste », contient des dispositions qui érigent en infraction l’expression pacifique d’opinions. (...)
En mars et septembre 2019, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté des déclarations conjointes sur l’Arabie saoudite prévoyant un certain nombre de critères relatifs à des réformes urgentes des droits humains. Aucun n’a été respecté. Les membres du Conseil doivent faire en sorte que cette instance continue de surveiller la situation en soutenant la création d’un mécanisme de suivi et de communication d’informations sur les droits humains. Nous demandons la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers d’opinion ainsi qu’une réforme en profondeur du Tribunal pénal spécial pour qu’il soit en mesure de mener des procès équitables et de protéger les accusés de toute détention arbitraire, torture ou autres formes de mauvais traitements. Les allégations de torture ou d’autres formes de violations des droits humains commises en détention par des représentants de l’État ou des personnes agissant en leur nom doivent faire l’objet d’enquêtes indépendantes et les victimes doivent obtenir pleinement réparation.