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Reporterre
Arrosage des golfs : malgré la sécheresse, les dérogations pleuvent
Article mis en ligne le 9 août 2022

Alors que la sécheresse et les restrictions d’eau font rage, les images des golfs verdoyants font scandale. Soumis à des limitations d’arrosage, certains parviennent à s’y dérober.

La polémique a enflé la semaine dernière. Alors que tout le pays est écrasé par la sécheresse, les terrains de golf ont été accusés de bénéficier d’un traitement de faveur et de déroger à certaines restrictions d’eau, pour le plus grand plaisir de ses pratiquants, très souvent aisés.

Des élus à gauche en ont fait un exemple emblématique d’injustice environnementale. (...)

« La situation est effectivement très symbolique », reconnaît Antoine Gatet de France Nature Environnement. Mais il faut se garder des caricatures dit-il à Reporterre. Selon le juriste, « les golfs comme les autres activités économiques ou touristiques ne sont pas exonérés de mesures de restriction ».

Les terrains de golf doivent en effet respecter un cadre légal, fonction du niveau de gravité de la sécheresse : le stade de vigilance, d’alerte, d’alerte renforcée ou de crise. En seuil d’alerte, l’arrosage en journée est interdit, la consommation hebdomadaire doit être réduite de 15 à 30 % et les prélèvements d’eau doivent être inscrits chaque semaine sur des registres, précise un guide méthodologique écrit par le ministère de la Transition écologique. En alerte renforcée, la consommation d’eau est réduite d’au moins 60 %, l’arrosage est interdit sauf sur les départs et sur les greens (les espaces gazonnés tondus très ras autour des trous). Enfin, au stade dit de crise, il y a interdiction d’arroser. Les greens peuvent éventuellement l’être la nuit, « par un arrosage réduit au strict nécessaire ». (...)

Aujourd’hui en France, soixante-deux départements sont classés en situation de crise. L’arrosage des greens de golf reste donc possible et le secteur le justifie au nom de la préservation de l’emploi et du maintien de l’activité. (...)

Ce chantage à l’emploi peut être efficace. Car les mesures de restriction dépendent en grande partie des arrêtés préfectoraux pris au niveau local. Ils reposent avant tout sur le bon vouloir du préfet. Or comme le rappelle Antoine Gatet « un effet de copinage peut amoindrir ces dispositions : les acteurs économiques et les industries les plus proches du préfet arrivent souvent à faire entendre leur voix et obtiennent des dérogations. Longtemps, le préfet a été plus préoccupé par l’activité économique que par la préservation des ressources en eau. » L’association France Nature Environnement se dit très vigilante à « ces possibles passe-droit » et est prête à les contester en justice. (...)

À l’origine, la préservation des greens en période de sécheresse est issue d’un accord pris en 2019 entre le ministère de la Transition écologique et la Fédération française de golf. En échange de cette exception, les propriétaires de terrains de golfs engagées à mener des actions « de sensibilisation et de préservation de biodiversité » ainsi qu’à réduire la consommation d’eau et l’impact environnemental de leur pratique. Certains se sont par exemple mis à irriguer avec des eaux usées.

Sur ce point, il reste beaucoup à faire, souligne Antoine Gatet (...)

Selon une récente étude, 18 kg de pesticides sont pulvérisés par hectare, par an. À comparer aux 2,5 kg utilisés par l’agriculture. Dans le golf, seuls les greens sont verts.