
Après trois mois et demi de détention, Asli Erdogan et Necmiye Alpay ont obtenu hier une libération conditionnelle. Toutefois, le procès se poursuivra, pour l’auteure et la traductrice, ainsi que d’autres accusés. Le procès de ce 29 décembre sera suivi, le 2 janvier prochain, avec une nouvelle audience.
(...) Extraits de la défense d’Aslı
“Je vais m’exprimer comme si le Droit existait…”
“Je ne vais pas expliquer le Droit à tous ces juristes qui remplissent la salle. Défendre la justice est votre devoir.”
“Je suis passée dans l’Histoire en tant que première femme littéraire jugée pour la perpétuité, dans notre siècle.”
“Comme il ne peut exister de justice sans conscience, la littérature ne peut pas être non plus sans conscience.”
“Je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui entre dans une organisation armée après avoir travaillé comme auteur pendant 30 ans.”
“Si comme le Procureur le prétend, j’ai rejoint le KCK parce que j’ai parlé d’un membre de KCK, il y a davantage “d’orga” dont je fais partie.”
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Après trois mois et demi de détention, Asli Erdogan et Necmiye Alpay ont obtenu hier une libération conditionnelle. Toutefois, le procès se poursuivra, pour l’auteure et la traductrice, ainsi que d’autres accusés. Le procès de ce 29 décembre sera suivi, le 2 janvier prochain, avec une nouvelle audience.
Grâce au journal Kedistan, il a été possible de suivre la défense d’Asli. Nous en reproduisons avec leur accord les principales interventions
procès asli erdogan
Dans ce procès intitulé « Procès Özgür Gündem » sont jugéEs en liberté également Eren Keskin, avocate et vice-présidente de l’Association turque des droits de l’homme (İHD), Filiz Koçali, femme politique, féministe et journaliste, Ragıp Zarakolu, militant des droits de l’homme et éditeur, Kemal Sancılı ancien directeur d’édition d’Özgür Gündem et Bilge Contepe. Ces neuf personnes sont accusées d’intelligence avec le terrorisme et pour certainEs d’entre eux, ils risquent la prison à vie pour leurs activités de journaliste et d’auteurE. Leur crime : avoir milité pour la Paix.
L’audience a commencé avec une heure et demie de retard. Car Zana Kaya et Inan Kızılkaya (éditeurs d’Özgür Gündem) incarcérés à la prison de Silivri, ont été attendus, mais n’ont pas été finalement amenés au tribunal pour « véhicules et fonctionnaires insuffisants » !
L’avocate Eren Keskin, comparait libre et elle est présente. L’audience commence donc avec 1h30 de retard. Et ça commence bien. Alors que le Code pénal turc ne limite pas la représentation de l’accusé pour sa défense, le tribunal prétexte un décret promulgué sous état d’urgence, et décide de limiter le nombre d’avocats à trois.
Nous résumons en quelques phrases…
Extraits de la défense d’Aslı
“Je vais m’exprimer comme si le Droit existait…”
“Je ne vais pas expliquer le Droit à tous ces juristes qui remplissent la salle. Défendre la justice est votre devoir.”
“Je suis passée dans l’Histoire en tant que première femme littéraire jugée pour la perpétuité, dans notre siècle.”
“Comme il ne peut exister de justice sans conscience, la littérature ne peut pas être non plus sans conscience.”
“Je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui entre dans une organisation armée après avoir travaillé comme auteur pendant 30 ans.”
“Si comme le Procureur le prétend, j’ai rejoint le KCK parce que j’ai parlé d’un membre de KCK, il y a davantage “d’orga” dont je fais partie.”
“J’ai écrit les histoires des victimes sans me préoccuper des assaillants.”
“Ceux qui m’attribuent ce crime, sont ceux qui pensent avoir découvert le trou noir, sans même voir le système solaire.”
A ce moment là, le juge, interrompt la défense et s’adresse à des avocats restés debout. “Je ne veux voir personne debout !”. Les avocats contestent. “Dehors ! Sortez les !” crie le Juge, “J’arrêterai l’audience, je la reporterai à un autre jour !”
Suite à ces paroles, à part les trois avocats “autorisés”, les autres sont sortis de la salle, fermée par des policiers qui bloquent l’entrée.
Aslı continue : “Ma présence dans le groupe de conseillers [du journal] est un acte de solidarité. Ce conseil n’a pas de responsabilité légale, mais je suis responsable de ce que j’écris.”
“Özgür Gündem était important pour que les Kurdes disposent d’un moyen d’expression.” (...)