Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Acrimed
Assaut de Saint-Denis : symbiose patriotique avec les sources policières
Article mis en ligne le 11 mars 2016

JT de France 2, 18 novembre 2015, 20h02 : « Soudain, une très forte explosion. On apprendra plus tard qu’une femme terroriste s’est fait sauter avec sa ceinture d’explosifs au début de l’assaut. Les policiers tentent de déloger les terroristes qui sont cachés au troisième étage. Ils ne veulent pas se rendre. La fusillade commence. Elle va durer près de 50 minutes. De la fumée s’échappe, l’assaut est très difficile. » Voilà en substance le récit de l’assaut du 18 novembre 2015 à Saint-Denis contre l’organisateur présumé des attentats du 13 novembre, qui tourna en boucle des jours durant dans tous les médias. Un récit dont les failles apparurent cependant assez vite, et dont une enquête accablante de Mediapart, parue le 31 janvier, révélera qu’il est un tissu de contre-vérités

il n’y eut vraisemblablement pas de riposte massive à l’arme lourde mais un unique pistolet automatique ayant tiré une dizaine de coups, la femme kamikaze était en réalité un homme, qui tua tous les occupants de l’appartement bien avant la fin de la fusillade, et aucun terroriste ne fut interpellé.

Devant des audiences particulièrement importantes, les télévisions ont donc délivré en boucle des informations fausses, en tendant leurs micros sans la moindre prise de distance aux chefs des unités d’intervention de la police, au désormais célèbre procureur de la République François Molins ou au ministre de l’Intérieur, chacun apportant leur contribution à cette version inexacte des faits. Des déclarations tenues pour paroles d’évangile, que les journalistes et invités s’empressèrent de commenter et interpréter sans aucune précaution, sinon celle d’en oublier rapidement les conditionnels pour la beauté du spectacle.

Retour sur un cas particulièrement significatif de suivisme des rédactions en période d’état d’urgence médiatique, lorsque les sources policières coproduisent l’information. (...)