La neige recouvre les montagnes autour d’Athènes et de son agglomération. La bataille électorale, la plus courte et la plus décisive en Grèce depuis bien de décennies ne fait que commencer. Trois semaines seulement, d’un mois de janvier qualifié déjà de “rouge” par le quotidien pro mémorandum “Ta Néa”. Les ornements des temps de fêtes qui n’en sont pas, retrouvent rapidement leur place dans les placards, de même qu’Antónis Samarás, l’hiver alors potentiellement prometteur montre ses dents.
La neige recouvre les montagnes aux alentours, et l’agglomération affronte le froid... intérieur. Les familles, les couples, les enfants, les âmes solitaires et enfin... les chiens et les chats, se réunissent le plus souvent autour de la seule et unique source de chauffage de la maison, lorsque toutes les autres pièces sont “neutralisées”.
Parfois, ce manque de chauffage, devenu endémique avec les années de la crise, incite, pour ne pas dire oblige les habitants à sortir... en quête de chaleurs exotiques (exotique, c’est à dire du dehors). Mon ami Th., journaliste de métier et alors chômeur... installé, me racontait ainsi récemment la... teneur de ses sorties : “Je ne tiens plus chez-moi. Je pars au matin après le réveil, je vais errer d’abord un peu dans les couloirs du métro pour ensuite m’installer dans un café et ne commander que le minimum, à savoir, un simple espresso ou un café grec. J’ai toujours un à deux livres dans mon sac ou sinon, le lis les journaux du moment que les cafetiers mettent à disposition des clients. Si c’est pour prendre le café avec un ami c’est déjà mieux, cependant, cela devient de plus en plus rare. Pour le repas de midi, je sors alors du sac et discrètement un sandwich fait maison, ou sinon, je le mange rapidement en sortant du café et avant de m’installer dans un autre café pour la deuxième partie de la journée. Le soir, je me couche rapidement... sous la double couette... et le chômage”. (...)
Tous les sondages sont formels : SYRIZA arrivera en tête des élections législatives du 25 janvier, certains sondages indiquent même une avance potentielle de plus de sept points, devant la piètre “Nouvelle démocratie” du lugubre Samarás.
Le problème de Samarás n’est plus évidemment le comportement de l’électorat supposé (largement) de gauche, mais plus précisément, celui sociologiquement situé à droite. En réalité, les coupures gauche-droite s’avèrent moins pertinentes que par le passé, d’autant plus, que chez le grand nombre des damnés de la crise on s’accorde volontiers sur la constatation de... la catastrophe sciemment organisée et planifiée, et d’ailleurs irréversible à brève échéance.
La programmation troïkanne, a... grièvement blessé, la libre (petite et moyenne) entreprise, la propriété surtout foncière, comme on sait épine dorsale des stratégies de mobilité et d’ascension sociale de la classe moyenne, les salaires, comme les retraites et enfin, les fonctionnaires, politiquement proches du bipartisme historique, Nouvelle démocratie et PASOK. Il n’est pas inutile de souligner ici que la corruption, le népotisme et les clientélismes, d’ailleurs sous un emballage néoconservateur très agressif, ont été promues en tant que pratiques par les coalisés du mémorandum, cela cependant, à un détail près : comme on entend dire parfois à Athènes, “il n’y a plus pour tout le monde” ; c’est à dire le cercle des bénéficiaires est certainement restreint et davantage... bien placé ! (...)
la tournure du méta-capitalisme théologiquement financiarisé ne supporte plus (au sens français et anglais du terme) la démocratie à l’occidentale. Dans la mesure où certains mouvements politiques (de gauche ou pas) voudront réellement mettre fin à cette usurpation théologique du destin citoyen, le choc sera inévitablement violent, et tant mieux ! (...)
aux yeux de tous, l’essentiel, on dirait à portée de main, tient de l’arrêt de l’infamie, de la fin de l’austérité, autrement dit, de la sortie... des atrocités du Merkelisme en Europe européiste. Même en Allemagne, et cela contrairement à 2012, de nombreuses voix (parfois parallèlement officielles) donnent plutôt raison à SYRIZA, ce qu’une certaine presse française, inféodée aux élites (politiques) parisiennes, elles-mêmes consubstantielles du Merkelisme ont du mal à admettre.
À commencer par François Hollande, lequel déclare sur France-Inter (5 janvier) que “l’Europe ne peut plus être identifiée à l’austérité. Les Grecs sont libres de choisir leur destin mais doivent respecter les engagements pris”. Il a certainement perdu une bonne occasion de se taire au lieu de menacer ainsi les futurs et probables gouvernements chez les autres. En ce sens aussi, l’Union européenne est déjà une épave de la démocratie, des souverainetés populaires et nationales et des droits des citoyens. Et à ce rythme, le jour viendra où elle deviendra une épave tout court. (...)
Les chiffres-geôliers de la Troïka, ceux de l’austérité (et ceux... de mes deux cousins décédés en 2014, l’un par suicide et le deuxième par manque de soins à l’hôpital), sont précisément ces engagements, si chers au président de la République française, pris par les marionnettes Samarás - Venizélos - Papandréou et non pas par les Grecs. Encore une fois, François Hollande a perdu une bonne occasion de se taire. (...)
“J’ai des relations avec Angela Merkel depuis deux ans et demi qui sont de l’ordre de la sincérité. Nous nous disons les choses. Nous avons le même intérêt. Faire que l’Europe soit plus forte. Ce qu’elle attend c’est qu’un pays comme la France soit compétitif. Ce qu’on attend c’est que l’Allemagne soit plus dans la relance de la croissance. On trouve la convergence”, a déclaré François Hollande sur France-Inter. C’est justement cet intérêt, cette Europe et cette convergence qu’il devient urgent de briser, Grecs, Espagnols, Portugais, Italiens, Français et Allemands, ensemble, ou du moins de manière concertée. (...)
Au Nord du pays, une fillette est restée durant plusieurs heures aux côtés du corps de son père, décédé du froid comme on dit dans la novlangue journalistique pour ne pas évoquer la vérité. Ils avaient fuit l’enfer syrien pour alors connaître... l’enfer européiste.
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