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Attaque de Villeurbanne : foire à la xénophobie sur CNews et BFMTV
Samuel Gontier
Article mis en ligne le 5 septembre 2019

Selon les experts de CNews, l’attaque meutrière de Villeurbanne révèle la présence en Europe de millions de migrants prêts à égorger les passants. Ruth Elkrief, elle, salue sur BFMTV la pertinence des critiques de Marine Le Pen.

« Villeurbanne : le droit d’asile en question », certifie le bandeau de CNews. « Villeurbanne : le droit d’asile en question », certifie le bandeau de BFMTV. Lundi, deux jours après l’attaque de passants par un réfugié afghan, les deux chaînes d’info s’attachent à remettre en cause un principe de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Sur CNews, Arnaud Ardoin fait sa rentrée : « Je suis très, très heureux de vous retrouver dans Police justice info. On s’intéresse aujourd’hui à ce drame de Villeurbanne. » « Villeurbanne : le profil du suspect se précise », annonce le bandeau. A l’image, il reste assez flou. (...)

« On va s’intéresser au parcours incroyable de cet homme, promet Arnaud Ardoin. Un Afghan, plusieurs nationalités, plusieurs âges, ça reste encore assez flou. » C’est bien ce qu’il semblait. « On se penchera sur les failles de notre système des demandeurs d’asile, ces femmes et hommes qui sont dans des zones grises, qui ont été déboutés et qui restent sur le territoire dans des situations administratives un peu étranges. » Même si le meurtrier de Villeurbanne n’avait pas été débouté et possédait un titre de séjour. (...)

Arnaud Ardoin commence par interroger en duplex un des « héros » qui ont neutralisé le meurtrier. « Est-ce qu’il y a eu des mots, des échanges entre l’agresseur et sa victime ? » Aurait-il par hasard crié « Allah Akbar » ? Las, « y a pas eu d’échange », répond Sofiane. (...)

Pourquoi laisse-t-on rentrer et rester sur le territoire des gens aussi dangereux ? » Susceptibles de poignarder des innocents. « A partir du moment où vous avez deux identités, provenant d’un pays où il n’y a pas d’identité… Il y a deux milliards d’individus sur cette planète qui n’ont pas d’identité fixe et irrévocable. » Deux milliards de meurtriers potentiels. « Dans ces pays-là, on porte son prénom suivi du prénom de son père puis du nom de son village. C’est naturellement le cas de ce garçon, comme de tous les Afghans. Sauf ceux qui sont nés à la maternité de Kaboul, qui sont un peu plus sous contrôle, tous les autres sont dans la nature. » Comme des bêtes sauvages. (...)

« Pourquoi on laisse rentrer des gens comme ça, en provenance d’un pays hyper dangereux dans lequel a été ourdi l’attentat du 11-Septembre ? » C’est une chance que le meurtrier de Villeurbanne n’ait pas emprunté un Airbus pour se crasher sur la tour Montparnasse. « On lui donne un papier, on lui dit : “Vas-y, promène-toi !” » Va égorger des passants au nom d’Allah, comme deux millards d’individus dans ton cas. « C’est effrayant, ce que vous dites, blêmit Arnaud Ardoin. Il y a des individus livrés à eux-mêmes, dans l’errance absolue. » Prêts à occire le premier venu.

« Je voudrais juste rajouter un petit truc, se permet Sofiane depuis Villeurbanne, alors que le présentateur le congédie. Le monsieur ne parlait pas de l’islam, de ceci, cela. Je suis musulman pratiquant et chez nous, ce qu’il a fait est interdit, c’est interdit de faire du mal à une personne, c’est comme dans la Bible, comme les lois de la France. » « Merci pour le message de paix entre les religions », salue Arnaud Ardoin avant d’enchaîner : « On est rentré dans le vif du sujet avec Xavier Raufer. » Le vif du message de paix. (...)

« Que peut-on dire de cet individu ? », demande l’animateur à la journaliste Sandra Buisson. Selon l’enquête, répond-elle, « les éléments qui caractérisent un acte terroriste ne sont pas réunis ». Très logiquement, s’affiche au même instant le bandeau « Villeurbanne : agression ou attentat ? » Sandra Buisson précise : « Le médecin décrit un état psychotique avec des délires paranoïdes sur plusieurs thèmes. » Et des analyses ont révélé « une forte consommation de cannabis ».
(...)

Dans la perquisition menée à son foyer, tempère Arnaud Ardoin, aucun signe de radicalisation n’a été trouvé. » « C’est absurde !, s’insurge Xavier Raufer. Radicaliser un Afghan, ça ne veut rien dire. Ils sont comme ça depuis la naissance. » Terroristes de naissance. Sandra Buisson proteste, soutenue par Arnaud Ardoin : « Pas tous les Afghans. Je suis allé plusieurs fois en reportage à Calais, tous n’étaient pas radicalisés. » Xavier Raufer objecte : « Tous ne vous disent pas la vérité. » En plus d’être des terroristes de naissance, les Afghans sont des menteurs congénitaux. (...)

« Il faudrait refonder complètement notre politique, préconise Thibault de Montbrial. Moi, je suis favorable depuis très longtemps à la politique dite australienne. » Qui consiste à parquer les exilés dans des camps situés à Nauru et au Timor-Oriental, où ils dépérissent à l’abri des regards (voir notamment Australie : la forteresse anti-réfugiés, diffusé par Arte Reportage). « Il y a des choses très amusantes, s’amuse l’expert. Quand vous parlez avec les plus hauts représentants de l’administration régalienne, certains en privé vous disent : “Il faut au moins que ça s’arrête de rentrer.” » Ici, le « ça » désigne la vermine immigrée. L’expert espère « une opération Frontex qui intercepterait les bateaux en Méditerranée pour les reconduire au port de départ ». « La Libye est un pays en guerre, conteste Arnaud Ardoin. Des camps de migrants y ont été bombardés. » « Je rappelle que toute la côte tunisienne est à quelques centaines de milles nautiques, réplique Thibault de Montbrial. La Tunisie est un pays sûr, il y a une grande hypocrisie sur le sujet. » Sauf de la part de Gilbert Collard, qui disait la même chose récemment sur LCI. (...)

« Ce qui m’embête un peu, intervient Bernard Thellier, l’ancien du GIGN, c’est d’avoir balayé la piste terroriste aussi rapidement. » Sauf sur CNews, heureusement. « Parce que tous les signaux sont allumés pour que ce soit du terrorisme. » Diagnostiqué psychotique, le meurtrier « a invoqué Dieu. Et les terroristes, on les appelle les “fous de Dieu”, donc il y a une dimension psychologique ». Fou + Dieu = Fou de dieu. C’est logique. « Tous les terroristes ont des valences paranoïaques. Pour être terroriste, il faut être parano. » La psychose du meurtrier prouve le caractère terroriste de son acte. (...)

« La définition du terrorisme, clame Karim Zeribi, c’est commettre un acte de terreur qui a un objet criminel. Là, c’est le cas. » Tout le monde est d’accord, le terrorisme a frappé à Villeurbanne. « Mais quelle est la motivation ? » « On ne sait pas à qui on a affaire », admet Jean-Claude Dassier. « Tant qu’on ne sait pas, soutient Laurent Joffrin, on discute dans le vide. » Un vide qui remplit des heures d’antenne. « Ce qui me gêne, avoue Rose Ameziane, c’est qu’il faille attendre un événement dramatique pour qu’on commence à parler réellement du grand sujet de l’immigration. Ça, c’est consternant. » Des années et des années sans jamais parler d’immigration, c’est affligeant.

« Il aurait dû être dublinisé », juge Mohamed Sifaoui à propos du meurtrier. « On va continuer sur ce débat du droit d’asile, promet Laurence Ferrari avant la pub. La question se pose à nouveau. On entendra l’opposition dénoncer le laxisme migratoire du gouvernement. » L’opposition, c’est le Rassemblement national. Rose Ameziane déplore : « Il y a 60 000 personnes déboutées qu’on laisse dans la nature. » Comme des bêtes sauvages. Jean-Claude Dassier assène : « On n’échappera pas au débat sur les politiques migratoires. » Sur Cnews.

« C’est notre invité, Nicolas Dupont-Aignan », annonce Thomas Hugues deux heures plus tard. « A chaque attentat, à chaque attaque, martèle le prestigieux invité, il est évident que c’est un acte à motivation religieuse islamiste. » « Quels éléments vous permettent de le dire ? » « Ce monsieur a égorgé avec un couteau de trente centimètres. » Pile-poil la longueur préconisée par le Coran pour égorger les passants. (...)

« L’attaque au couteau de Villeurbanne vire au débat politique, trompette Olivier Truchot un peu plus tôt sur BFMTV. On va essayer de comprendre comment fonctionne le droit d’asile. On va en parler avec des spécialistes. » Surprise, les « spécialistes » de BFMTV en sont de vrais. Telle Joséphine Vuillard, porte-parole du centre Primo-Levi, qui prend en charge le suivi médical et psychologique d’exilés : « Avec d’autres associations, on a pointé les défaillances du système l’an dernier dans un rapport, La souffrance psychique des exilés, une urgence de santé publique. » (...)

« On impose à ces gens des souffrances invraisemblables », regrette Gilles Picquois, avocat spécialiste du droit d’asile. Il note que les exilés ne bénéficient pas de passage par un service médical et, se tournant vers sa voisine du centre Primo-Levi, regrette : « Les associations font le travail de l’État. » « S’il y a une défaillance du système, c’est sur le suivi psychiatrique de ces demandeurs d’asile », renchérit le toujours impeccable François Gemenne.

« Un demandeur d’asile qui n’obtient pas gain de cause, que devient-il ? », demande Olivier Truchot. Même si le meurtrier de Villeurbanne n’avait pas été débouté et possédait un titre de séjour. « A propos des déboutés, c’est le serpent qui se mord la queue, répond Joséphine Vuillard. Très souvent, c’est parce qu’il souffrent de troubles psychiques, de troubles de la mémoire à cause de ce qu’ils ont subi qu’ils ne sont pas capables de produire un récit cohérent. Certains ne sont pas capables de dire le prénom de leurs enfants… Et ils sont considérés comme des menteurs. » Par Xavier Raufer. (...)

Le quart d’heure de lucidité de BFMTV est passé. Une demi-heure après, Olivier Truchot relaie : « Marine Le Pen demande à la Garde des sceaux des explications sur ce titre de séjour accordé au meurtrier. On va en parler avec des responsables politiques, Bruno Bonnell, député LREM, et puis Jean-Lin Lacapaelle, délégué national du RN. » L’occasion pour BFMTV de seriner dans ses bandeaux une citation de ce dernier : « Derrière cet acte, il y a une politique migratoire condamnable. » (...)

« Donc, c’est pas de la récupération politique, déduit Ruth Elkrief. Le rôle d’un opposant dans un régime démocratique, c’est de mettre le doigt sur ce qui ne marche pas. » Rappelons que l’opposant, dans un régime démocratique, c’est le Rassemblement national. « Donc, c’est pas seulement de la récupération. » C’est aussi une preuve de vitalité démocratique. (...)

Le même soir, David Pujadas reçoit sur LCI le sondologue Jérôme Fourquet, auteur d’« une étude assez saisissante, aux conclusions assez spectaculaires ». « Municipales : 261 villes pour le RN ? », interroge le bandeau. Je me demande bien comment ce serait possible.