
La veille de la Marche des fiertés, un attentat terroriste a été perpétré contre des personnes homosexuelles en Norvège, tuant deux personnes et en blessant une vingtaine d’autres. En France, dans un contexte de poussée historique de l’extrême droite, on s’inquiète des répercussions possibles.
C’est une fin de semaine noire pour les libertés. Alors que la Cour suprême américaine a acté, vendredi, un retour en arrière sans précédent sur le droit à l’avortement aux États-Unis, un attentat anti-LGBT+ a été perpétré à Oslo, en Norvège, quelques heures plus tard.
Dans la nuit de vendredi à samedi, vers une heure du matin, un quadragénaire norvégien d’origine iranienne a assassiné deux personnes et en a blessé, pour certaines grièvement, au moins vingt-et-une autres, devant une discothèque gay du centre-ville. (...)
« J’ai vu un homme arriver avec un sac, il a pris un flingue et a commencé à tirer », a rapporté un témoin de la scène. L’équipe du London Club, où tout le monde est sain et sauf, a publié un texte sur Facebook, qualifiant la fusillade d’« absolument horrible » et de « mal à l’état pur ». Le suspect, connu des services de renseignement antiterroristes, a été arrêté et la police n’a pas tardé à requalifier l’attentat d’abord comme « terroriste », puis comme « un acte de terrorisme islamiste ».
À la veille de la Marche des fiertés, organisée ce 25 juin dans plusieurs capitales, les soutiens ont afflué de divers coins du monde, et sur les réseaux sociaux, le mot-clic #Oslove a rapidement fait florès. (...)
Samedi, et en dépit de l’annulation, pour des raisons de sécurité, de la « Pride » à Oslo, plusieurs milliers de personnes ont bravé la peur et se sont regroupées aux alentours du lieu de l’attentat. Vers midi, le principal journal norvégien, Aftenposten, relatait des scènes de « pleurs, de câlins, mais aussi de désespoir ». « Nous sommes là, nous sommes homos, nous ne disparaîtrons pas ! », ont crié les manifestants.
L’attaque d’Oslo est également venue percuter la Marche des fiertés lors de laquelle ont défilé des milliers de personnes dans toute la France. Selon l’Agence France-Presse, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a réclamé aux préfets un renforcement de la sécurité. Côté organisations, certaines ont elles-mêmes pris contact avec les réseaux antifascistes par « vigilance ». (...)
Interrogé par Mediapart en début d’après-midi, Terrence Katchadourian, secrétaire général de Stop homophobie, redoutait les possibles conséquences de l’attentat : « Ce genre d’événement donne des idées aux autres, c’est pourquoi il faut que les politiques français dénoncent clairement ce qu’il s’est passé en Norvège », explique-t-il, indiquant que depuis hier, son association a reçu plus d’un millier de messages d’injures ou de menaces de mort sur Twitter.
L’attentat résonne ainsi douloureusement chez les militants et militantes des libertés, dans un contexte où l’extrême droite ne cesse de s’enraciner dans le paysage politique. « Celui qui a tué est un inculte, mais à force d’entendre des Zemmour parler de “lobby gay”, d’“homosexualisation” de la société, ou d’“identité de genre”, ça donne forcément des idées », accuse Terrence Khatchadourian, qui estime qu’un regain d’homophobie est en cours dans l’Hexagone depuis la Manif pour tous.
Mimosa, militante au pôle des luttes du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), s’alarme elle aussi de la poussée de l’extrême droite (...)
Au cours de la journée de samedi, plusieurs responsables politiques français ont fait part de leur condamnation après le drame d’Oslo. Le président de la République, Emmanuel Macron, a publié, en début d’après-midi, un message où il a dénoncé la « barbarie d’un terrorisme islamique », rappelant que « face à la haine, nous serons toujours plus forts unis ». (...)
« Il faut que les politiques ne se contentent pas de prendre la parole, la plupart du temps en nous instrumentalisant ou en ayant des arrière-pensées, mais qu’ils aient des gestes actifs », souligne Rachel, de l’association féministe, lesbienne, bi et trans, FièrEs. Estimant que la question LGBT+ devrait être « la priorité de tout le monde », elle estime, elle aussi, que « l’étau se ressert, car on évolue dans un climat où l’homophobie et les discours anti LGBT+, notamment vis-à-vis des personnes racisées, sont de plus en plus admis du fait de la montée de l’extrême droite ».
La Norvège est l’un des pays en pointe sur la question des droits des LGBT+. Mi-avril, la présidente de la fédération norvégienne de football, Lise Klaveness, avait alerté sur l’attitude du Qatar vis-à-vis des homosexuels étrangers qui se rendront aux matchs de la Coupe du monde de foot. (...)