
En tête des intentions de vote du premier tour de la présidentielle, le candidat de 63 ans a multiplié les saillies misogynes, homophobes et racistes.
Les unes sont employées domestiques, de gauche et adoratrices du Parti des travailleurs (PT) et de son leader emprisonné, Luiz Inacio Lula da Silva. Les autres bourgeoises, architectes ou avocates, votent au centre droit.
Au-delà de divergences d’opinions politiques, de classes sociales, d’âge, de modes de vie et de couleur de peau, des dizaines, voire des centaines de milliers de femmes se sont rassemblées, samedi 29 septembre, à Sao Paulo, Rio de Janeiro, Brasilia, Belo Horizonte, Recife, Salvador et Porto Alegre, ainsi que dans une soixantaine de villes au Brésil pour dire #EleNao (Pas lui). (...)
Un hashtag lancé sur les réseaux sociaux par le mouvement Mulheres Unidas contro Jair Bolsonaro (les femmes unies contre Bolsonaro), opposé au candidat d’extrême droite ; ce dernier est en tête des sondages pour l’élection présidentielle avec 27 % à 28 % d’intentions de votes.(...)
Réputé pour sa misogynie, son homophobie et ses éloges répétés de la dictature militaire (1964-1985), le militaire quittait le même jour l’hôpital Einstein de Sao Paulo où il avait été accueilli dans un état grave suite à une attaque au couteau, le 6 septembre, lors d’un meeting de campagne. « Enfin à la maison, près de ma famille. Il n’y a pas de meilleure sensation ! Merci à tous pour les marques d’affection que j’ai pu recevoir lors de mon retour et partout au Brésil ! Je vous embrasse ! », a écrit sur Twitter le candidat, visiblement insensible à ces marques d’hostilité et aux cris « EleNao » proférés dans le vol le ramenant à Rio de Janeiro où il possède une résidence.(...)
« Plus de droits, ce sont moins d’emplois », a-t-il coutume d’expliquer.(...)
En 2016, lors du vote de l’« impeachment » (destitution) de Dilma Rousseff, le député avait aussi donné sa voix « au nom du colonel Ustra », l’un des tortionnaires du régime. « Mon père a été prisonnier politique ! », signale Maria Domitila, les yeux embués.(...)
« Bolsonaro est le genre de personnage classique de ces pays qui ont vécu leur propre version du Far West : un homme blanc qui se sent supérieur parce qu’il est blanc et hétérosexuel », écrit la journaliste et écrivaine Eliane Brum, dans un article publié sur le site El Pais au Brésil titré « Les femmes contre l’oppression ».
Certaines apprécient le personnage, défenseur auto revendiqué de la « famille » et des « valeurs ». Un homme qui cite Dieu à chacune de ses interventions.(...)
beaucoup de femmes ont du mal à accepter le discours phallocrate du candidat. Jair Bolsonaro trouve normal qu’une femme soit moins bien payée qu’un homme du fait de ses congés maternité. Nombre de Brésiliennes s’étranglent aussi de la vulgarité du militaire qui, en 2014, avait lancé à l’encontre de sa consœur députée Maria do Rosario (PT) : « vous ne méritez pas d’être violée. Vous êtes trop laide. » Et d’ajouter, en la voyant choquée : « pleure, allez pleure. »(...)
Samedi, la goujaterie de Jair Bolsonaro n’était pourtant pas, et de loin, le seul grief mentionné par la foule. Aux pancartes « Non aux armes » en référence à la volonté du candidat de libérer le port d’armes, s’ajoutaient une multitude de messages contre « le fascisme », et en faveur de la démocratie et des droits LGBT.(...)
« Je suis venu pour défendre ma propre survie ! », explique ainsi Gustavo Reis, 22 ans, étudiant en physique chimie. En tant que Noir et homosexuel, le grand gaillard se sent la cible privilégiée du candidat d’extrême droite. (...)
En tête dans les sondages, Jair Bolsonaro est donné perdant en cas de second tour face à la plupart de ses adversaires. Notamment face à Fernando Haddad, (PT) qui le talonne dans les sondages (22 %). A en croire les analystes, la défaite du capitaine de réserve serait alors en grande partie liée à l’électorat féminin. (...)