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Au Carnet, des caméras cachées et illégales pour surveiller des écologistes
Article mis en ligne le 15 novembre 2020
dernière modification le 14 novembre 2020

Des caméras très sophistiquées et camouflées ont été retrouvées par des militants au Carnet, où des écologistes luttent contre le bétonnage d’un site naturel. Un dispositif illégal, dont les images accusent la gendarmerie locale.

Les opposants au projet de zone industrielle au Carnet, en Loire-Atlantique, méritent-ils d’être surveillés comme des terroristes ? Deux groupes de caméras, camouflées dans une fausse bûche d’arbre et de fausses pierres, ont été retrouvés par hasard par des militants, fin août. Elles semblent avoir été installées à la veille d’un « weekend de résistance » prévu à proximité du Carnet, les 29 et 30 août. Ces quatre caméras filmaient en continu et étaient reliées, via des câbles enterrés, à des grosses batteries et modems, également dissimulés, permettant d’envoyer directement les images à un poste à distance. (...)

Le Carnet est un espace naturel, sur la rive sud de l’estuaire de la Loire, dont l’entrée principale se trouve sur une route départementale. Lundi 31 août, des personnes opposées à la volonté du Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire de créer ici un parc « écotechnologique », sur 110 hectares, ont commencé à installer des barricades sur la route, pour empêcher tout début de travaux. C’est une militante qui, ce jour-là, en ramassant des matériaux pour créer une guirlande végétale, a trouvé d’abord un premier duo de caméras, puis, en tirant sur les fils, ce vaste attirail d’espionnage. (...)

La captation d’images sur la voie publique est encadrée par la loi. Comme le rappelle la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), les personnes filmées doivent en être informées par des panneaux visibles, affichés en permanence, comprenant au minimum un pictogramme représentant une caméra. Mais vu le camouflage du dispositif installé au Carnet, il ne s’agit pas de « vidéoprotection » (dans la novlangue sécuritaire, on ne dit pas « vidéosurveillance » mais « vidéoprotection »), mais bien de renseignement. Or, cette activité est elle aussi encadrée par la loi. La captation d’images dans un lieu privé fait partie des techniques ne pouvant être déployées que pour « la défense et à la promotion des intérêts fondamentaux de la Nation », pour l’une des sept finalités énumérées à l’article L. 811-3 du Code de la sécurité intérieure, telles que « la prévention du terrorisme » ou encore la prévention « des violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ». De plus, cette technique ne doit être utilisée que si les renseignements ne peuvent pas être recueillis par un autre moyen légalement autorisé. (...)