
Antoine Moens de Hase vient de terminer un projet de formation de trois mois au Congo. Nous avons recueilli ses impressions sur la vie au Congo. Antoine : "Le pays a besoin d’usines, d’ateliers, de machines agricoles, de chemins pour pouvoir construire leur société."
La pauvreté, on la connaît via les images à la télévision. Ce qui m’a surtout frappé, c’est le manque de perspectives. Les gens se tuent au travail. À 4h, ils sont déjà en route. Des hommes, des femmes, des enfants triment du matin au soir. Mais pour quel résultat : un salaire qui les fait à peine survivre. La seule perspective est de recommencer ce dur labeur chaque matin. Ca a été un grand choc trois mois plus tard, quand je suis rentré en Belgique, où l’on a tout, où les magasins sont pleins à craquer, où les enfants peuvent aller à l’école et avoir des livres….
Devons-nous nous sentir coupables ?
Antoine : Non, cela montre surtout que notre système n’est pas en état de subvenir aux besoins vitaux de millions de personnes. Celui qui ne connaît que la Belgique pensera que le capitalisme n’est pas si mauvais que ça. Mais, au Congo, on constate la misère que peut provoquer ce système. Kinshasa est un dépotoir où s’accumulent nos surplus, même la nourriture y est importée. Le Congo est un pays d’agriculture, on pourrait y cultiver du café pour la moitié de la population. Mais le café que je buvais le matin était importé. Le pays a besoin d’usines, d’ateliers, de machines agricoles, de chemins pour pouvoir construire leur société. Au lieu de ça, on constate une intrusion directe de l’Occident qui tente de profiter des richesses du pays. (...)
Les gens s’organisent mais nous ne pouvons pas – de ce que je sais – vraiment parler de mouvement populaire comme c’est le cas en Amérique latine. Les gens disent haut et fort leurs critiques envers le gouvernement en fonction et le Président. Il y a une grande désorganisation politique. Beaucoup de jeunes pensent que la situation était meilleure sous le régime de Mobutu alors que le pays allait à sa perte. Personnellement, je trouve que le gouvernement fait du bon boulot mais cela va lentement. On voit que Kinshasa est en train de changer : des routes sont créées, des appartements sont érigés et des usines voient le jour. Mais, pour le moment, cela n’a que peu d’effets sur la vie de la population. (...)
le Canada vient recruter des médecins tout juste diplômés pour travailler dans leur pays. C’est ça aussi l’impérialisme : au lieu de soutenir les jeunes docteurs dans leur travail au Congo, on vient les chercher pour les faire travailler moins cher dans les pays occidentaux. Le gouvernement se penche actuellement sur des mesures pour garder les jeunes au pays mais cela demande du temps. (...)