
L’ouverture d’un dialogue avec les islamistes armés pourrait accroître les tensions avec la France, depuis toujours opposée à de telles tractations.
Au Mali, la désignation officielle du Haut Conseil islamique (HCI) comme instance chargée de « négocier avec les djihadistes maliens », si elle se confirme après le démenti opposé jeudi 21 octobre par le gouvernement à son ministre des affaires religieuses et du culte, viendrait formaliser une situation existante depuis plusieurs années. Le pouvoir malien a, dès 2017, exprimé sa volonté d’ouvrir des tractations avec les islamistes armés, affiliés à Al-Qaida, qui n’ont cessé d’accroître leur rayon d’action dans le nord et le centre du pays. Dans le même temps, le HCI, trait d’union entre les autorités politiques et les associations religieuses, avait déjà multiplié les contacts. (...)
« Nous allons trouver une solution malienne pour éviter que le sang des Maliens ne coule encore. Nous allons nous asseoir sans intermédiaire », promet Moufa Haïdara, le premier secrétaire du HCI. Membre d’une équipe de négociateurs de l’organisation, il avait obtenu en mars un accord de cessez-le-feu local entre chasseurs traditionnels dozos et djihadistes de la katiba Macina dans le cercle de Niono, au centre du pays. Il a depuis volé en éclats.
M. Haïdara ne dit pas quand pourraient débuter les discussions, ni quel en sera le périmètre. (...)
M. Haïdara ne dit pas quand pourraient débuter les discussions, ni quel en sera le périmètre. « Nous allons discuter de tout. Il y a des lignes rouges mais elles n’ont pas encore été fixées par le gouvernement. L’essentiel, c’est que nous avons en commun des liens du sang et la fraternité entre musulmans », avance-t-il en gage de compromis. Iyad Ag Ghali, lui, a été plus explicite sur ses conditions pour la paix : le départ des troupes étrangères, notamment françaises, du Mali et l’application de la charia, la loi islamique.
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Face aux islamistes armés, les autorités de transition se présentent en position de faiblesse, sans reconquête territoriale à opposer, dans une forme de capitulation qui ne dit pas son nom. « L’une des limites de ce dialogue est que la finalité recherchée et l’offre que peut produire le gouvernement n’ont pas été définies, s’inquiète Baba Dakono, secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité. Une autre est de placer cette question entre les mains des religieux alors que le problème ne peut être réduit à cette dimension. »
La perspective de ces négociations risque d’éloigner encore davantage Paris de Bamako, dans un contexte de tension autour de la possible arrivée de mercenaires russes au Mali. (...)