
Tribune. Quartiers Nord de Marseille : spectaculaire accumulation d’échecs des politiques menées dans tous les domaines ces dernières décennies. Notre secteur fut pendant six ans la plus grosse commune gérée par le Rassemblement national (RN) en France. Aux dernières élections, l’abstention est montée jusqu’à 90 %. A la grande précarité et l’abandon dans lesquels les habitants survivent et s’autoorganisent depuis si longtemps, la crise du Covid-19 s’est ajoutée, créant une situation exceptionnelle et potentiellement explosive.
Tribune. Quartiers Nord de Marseille : spectaculaire accumulation d’échecs des politiques menées dans tous les domaines ces dernières décennies. Notre secteur fut pendant six ans la plus grosse commune gérée par le Rassemblement national (RN) en France. Aux dernières élections, l’abstention est montée jusqu’à 90 %. A la grande précarité et l’abandon dans lesquels les habitants survivent et s’autoorganisent depuis si longtemps, la crise du Covid-19 s’est ajoutée, créant une situation exceptionnelle et potentiellement explosive. (...)
Or si la cohésion sociale peut être préservée pendant cette crise, c’est par une mobilisation tout aussi exceptionnelle. Les habitants ont su irriguer le corps malade de notre ville de leur solidarité vivante. Au milieu de la débâcle, une formidable énergie collective a permis que soit créée une plateforme d’entraide, autogérée, au McDo Saint-Barthélémy. Emblème d’une mobilisation syndicale historique des salariés pour faire de leur outil de travail un lieu de soin pour le quartier. Placé en liquidation judiciaire par la firme, ce restaurant et son drive réquisitionnés par ses anciens salariés ont permis pendant tout le confinement et jusqu’à aujourd’hui de distribuer des dizaines de milliers de colis alimentaires et des kits d’hygiène, préparés et distribués par des dizaines de collectifs et d’associations des quartiers alentour : sans aucune aide publique. (...)
On est nés dans ces quartiers, on sait que, statistiquement, nous sommes des rescapés. Car ici, souvent, le seul héritage, c’est la précarité. Mais cette précarité, nous entendons la faire fructifier : en dignité, en formation, en solidarité, en activité sociale et économique, sous la forme d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) dont le profit appartiendrait à tous. C’est notre projet ! Reprendre notre destin en main.
Nous souhaitons reprendre ce restaurant. McDo fait savoir qu’ils ont reçu d’autres offres de reprise et ne comptent pas discuter avec nous. Ailleurs en France, des maires ont su résister à McDo, au nom de valeurs d’une économie plus saine et plus juste. Nous avons besoin de soutien en actes. Pas de Légions d’honneur invisibles pour avoir fait le travail là où les politiques publiques ont démérité, mais la reconnaissance de ce qui s’accomplit ici depuis des mois.
Et un appui concret dans notre face-à-face avec McDo. Venez nous voir, venez comme vous êtes ! Venez avec les valeurs de renouvellement et de valorisation de l’action citoyenne qui ont triomphé, paraît-il, aux dernières élections municipales, et laissez-nous gérer ce lieu avec les nôtres ! Prenons le risque, pour une fois, de permettre à des outsiders d’exprimer positivement leur propre résilience : laissons advenir un monde d’après plus solidaire.