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delinquance, justice et autres questions de société
Au delà de la « dangerosité » : penser les sorties de délinquance
Marwan MOHAMMED, sociologue, Centre Maurice Halbwachs (CNRS, EHESS, ENS)
Article mis en ligne le 14 avril 2012
dernière modification le 10 avril 2012

En 2007, en terminant une thèse de doctorat sur les bandes de jeune, je me suis rendu compte qu’une partie non négligeable des jeunes interrogés aux premières lueurs de ma recherche (dès 2001) s’étaient éloignés ou avait disparu du monde des bandes.

Quelques-uns étaient enfermés en prison, la majorité était progressivement « passée à autre chose ». Ces derniers avaient fortement réduit ou bien complètement cesser de commettre des délits et de se faire remarquer par leur attitude transgressive, défiante, bruyante et visible. Lorsque j’ai reconstitué une liste des principaux acteurs de la délinquance locale entre le milieu des années 1980 et 1990, je me suis aperçu que, mise à part une toute petite frange qui continuait très discrètement à faire du « bizness », la plupart s’étaient rangés. Voilà un constat intéressant : quelques années auparavant, ils étaient jugés « intraitables », des « poisons » « irrécupérables », souvent réduits à leurs origines lorsqu’ils appartenaient à des minorités (im)populaires, ils désorientaient leurs familles, les travailleurs sociaux ou les acteurs du monde judiciaire, etc. Or les voilà à présent « rangés », « posés », après avoir « tourné la page », beaucoup ayant même quitté le quartier de leurs « exploits ». (...)

La recherche académique a un rôle à jouer dans la construction d’un savoir sur les sorties de délinquance, fondé empiriquement et distant des enjeux de pouvoir ou des passions politiques. Il y a peut-être dans la connaissance des mécanismes de désistance, les bases d’une autre politique publique qui pense à long terme la place de ceux qui ont transgressé à un moment donné de leur vie.

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