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Auchan : Licenciée pour l’exemple
Article mis en ligne le 5 août 2016

Le licenciement d’une caissière de chez Auchan pour une erreur sur un pot de sauce tomate à 85 centimes n’est pas neutre. Il révèle la fébrilité agressive d’une grande distribution qui se vit, sous ses diverses enseignes, comme un pays en guerre, et à la guerre, on ne fait pas de détail.

Une faute lourde à 85 centimes

Version de la caissière : le 9 juillet, alors qu’elle surveille six caisses automatiques, une cliente vient lui prendre la tête pour des paquets de pâtes en promotion, et en profite pour passer sans payer une boite de sauce tomate à 85 centimes. La cliente est interceptée, mais c’est la caissière qui paye : licenciée pour faute lourde, pour une erreur de 85 centimes ! Version Auchan : ce n’est pas la sauce tomate qui est en jeu, mais la promotion, quatre paquets de pâtes pour le prix de deux, que la caissière a validé à tort (ça va chercher dans les deux euros). Ce n’était pas une erreur, mais (on cite ici le responsable de la sécurité de l’Auchan City de Tourcoing) « une manipulation frauduleuse volontaire », entre deux femmes « de connivence », conduisant logiquement au licenciement de la caissière, puisque la confiance n’y est plus.

Laissons l’affaire et cherchons sa logique. Il y a ici un parfum familier. Cela fait des années que des caissières sont licenciées, pour des affaires de bons de réduction ou de bons d’achats, d’erreurs de caisses ou d’entente avec des clients, amis ou complices ou parents. Parfois, les sommes sont dérisoires, l’intention mal établie et la cruauté infinie. Parfois, les arnaques deviennent sérieuses et l’on sent l’inventivité des Arsène Lupin du code-barre. Souvent, la caissière, maillon fragile de la chaine économique, semble broyée par la machine. Une telle hécatombe sociale n’est pas neutre. Elle révèle la fébrilité agressive d’une grande distribution qui se vit, sous ses diverses enseignes, comme un pays en guerre, et à la guerre, on ne fait pas de détail. (...)