
Aujourd’hui (15mai), plus de 42 organisations de défense des droits, soutenues par de nombreux universitaires, ont adressé une lettre aux législateurs européens.
Alors que des négociations sont actuellement en cours concernant de nouvelles règles pour la Neutralité du Net, les signataires, dont La Quadrature du Net, attirent l’attention des législateurs sur l’utilisation grandissante et incontrôlée des technologies d’inspection profonde de paquets (Deep Packet Inspection, ou DPI) faite par les fournisseurs d’accès à Internet.
Cette lettre a été envoyée en anglais (disponible ici) au vice-président de la Commission Européenne, chargé du Marché numérique unique, à la commissaire européenne à l’Économie et à la Société numériques, à la commissaire européenne à la Justice, aux Consommateurs et à l’Égalité des genres, à la présidente du Comité européen de la protection des données et au président de l’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (ORECE, ou BEREC en anglais).
Nous vous en proposons ci-dessous une traduction en français. (...)
Les signataires de cette lettre souhaitent rappeler l’inquiétante pratique de l’analyse des noms de domaines ou des adresses (URL) des sites visités et d’autres ressources internet. L’évaluation de ce type de données peut révéler des informations sensibles au sujet d’un utilisateur telles que ses publications préférées, ses intérêts vis-à-vis de certaines maladies, ses préférences sexuelles ou ses croyances religieuses. Les URL identifient des ressources spécifiques sur le web (telle qu’une image en particulier, un article spécifique dans une encyclopédie, un segment dans un flux vidéo, etc …) et donnent des informations directes sur le contenu d’une communication.
Une cartographie des différentes tarifications des produits dans l’espace économique européen (EEE), conduite en 2018, a identifié 186 produits faisant potentiellement usage du DPI[1]. Parmi ceux-ci, plusieurs produits vendus par des opérateurs de téléphonie mobile ayant de grandes parts de marché ont confirmé l’usage de techniques de DPI car ils fournissent aux opérateurs d’applications ou de services l’option d’identifier leur trafic en utilisant des critères tels que le nom de domaine, le SNI, les URl ou l’écoute du DNS[2].
Actuellement, les lignes directrices du BEREC[3] établissent clairement que la gestion de trafic basée sur la surveillance des noms de domaine et des URL (tel qu’impliqué par la phrase « contenu de la couche protocolaire de transport ») n’est pas une « mesure raisonnable de gestion du trafic » dans le cadre du règlement. Cette règle claire a cependant été ignorée par la plupart des FAI dans leur méthode de gestion du trafic. (...)
Au regard de l’ampleur et du caractère sensible du sujet, nous incitons la Commission et le BEREC à examiner avec attention l’usage du DPI et son impact sur la protection des données dans le cadre de la réforme en cours du règlement et des lignes directrices sur la neutralité d’Internet.