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Rue 89
Auteur d’un film sans concession, Mohammad Rasoulof privé de passeport en Iran
Article mis en ligne le 12 novembre 2013

Il n’y a qu’un seul nom au générique du film « Les manuscrits ne brûlent pas » : Mohammad Rasoulof, le réalisateur. Et ça pourrait lui coûter cher : rentré en Iran le mois dernier pour quelques jours, le réalisateur s’est vu confisquer son passeport et est donc, de fait, interdit de quitter le territoire alors qu’il vit avec sa famille en Allemagne.

Ce film, présenté à Cannes dans la sélection Un certain regard, est l’équivalent pour l’Iran de « L’aveu », le film de Costa-Gavras sur le stalinisme, ou de « La vie des autres “ de Florian von Donnersmarck sur l’ex-RDA ; le film le plus direct, le plus percutant jamais réalisé sur le régime de terreur des mollahs.

Diffusé en avant-première lundi soir au Forum des images de la ville de Paris, dans le cadre du festival ‘un état du monde et du cinéma (dont Rue89 est partenaire), le film a été présenté au public par quatre comédiens iraniens, seulement identifiés par leur prénom.

Tout le reste de l’équipe -comédiens, techniciens, etc.-, est anonyme, en particulier ceux qui ont participé au tournage clandestin en Iran, les scènes d’intérieur ayant été réalisées en Allemagne.


Une histoire vraie

Les manuscrits ne brûlent pas’ est basé sur une histoire réelle, remontant aux années 90 : un bus transportant des écrivains iraniens vers l’Arménie a eu un accident dans les montagnes du nord de l’Iran, dont tout porte à croire qu’il était destiné à éliminer d’un seul coup une partie de l’intelligentsia remuante. (...)

En retenant le passeport de Mohammad Rasoulof, le pouvoir iranien n’a usé jusqu’ici que de représailles modestes. Sans doute en raison de l’offensive de charme menée depuis l’élection de Hassan Rohani à la présidence, qui a vu la libération de plusieurs prisonniers politiques, et, s’agissant de cinéma, la présentation par l’Iran du film ‘Le Passé de Asghar Fahradi aux Oscars américains.

Si l’Iran veut montrer qu’il est réellement en train de changer, il pourrait simplement rendre son passeport et sa liberté de mouvement à un réalisateur reconnu internationalement.