
Le nom du député, réalisateur de « Merci patron ! », documentaire caustique sur LVMH, propriétaire du journal, a été évincé unilatéralement d’une chronique.
La Société des journalistes (SDJ) du quotidien économique et financier Les Echos a dénoncé, lundi 26 juin, la « censure pratiquée sur une chronique d’un intervenant extérieur au journal », qui a vu disparaître de son texte la mention du député François Ruffin, réalisateur du film Merci Patron !, un documentaire caustique sur LVMH, propriétaire du groupe Les Echos.
François Ruffin, un trublion à l’Assemblée
La Société des journalistes s’est associée « à l’indignation légitime du mathématicien Michel Broué », auteur du texte et collaborateur régulier du quotidien économique. Sur Mediapart, lundi, Michel Broué a expliqué que sa chronique, qui évoquait laconiquement le député récemment élu pour La France insoumise dans la première circonscription de la Somme, avait été « amputée, sans [l]’avoir consulté, ni même informé ». (...)
« Le moins de publicité possible »
Le mathématicien a également publié la réponse du rédacteur en chef du journal pour justifier cette coupe :
« J’ai en effet pris la liberté de couper cette phrase pour la simple raison suivante : François Ruffin passant le plus clair de son temps à dénigrer notre journal dans des termes qui ne sont pas de l’ordre du débat — légitime — mais systématiquement caricatural, nous nous efforçons de faire le moins de publicité possible à ce personnage. Je reconnais que j’aurais dû vous en avertir. » (...)
Dans son communiqué, la SDJ « rappelle plus que jamais, près de dix ans après le rachat des Echos par LVMH, le caractère impérieux de l’indépendance de la rédaction ».
« Elle déplore que de tels agissements ternissent l’image du journal, alors que chacun de ses journalistes s’efforce chaque jour d’en assurer la qualité et l’intégrité, en toute indépendance. »
La SDJ y annonce également que des « discussions vont avoir lieu dans les prochains jours pour discuter de suites éventuelles ».
Invitation à débattre
De son côté, François Ruffin s’est dit « immensément peiné de cette censure ». L’élu a également dit avoir « vraiment plein d’autres choses à faire dans la vie qu’injurier la gazette de Bernard Arnault ». Il a toutefois « profité de cette polémique » pour « renouveler [s]on invitation à débattre avec Dominique Seux [directeur délégué des Echos], qui se débine jusqu’ici ». (...)