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Mediapart
Avec la fin de France Ô, l’Outre-mer privé de voix
Article mis en ligne le 11 août 2020

Le 23 août prochain, la chaîne de télévision publique dédiée aux Outre-mer, France Ô, cessera d’émettre, d’être diffusée sur la TNT. Si elle était en mal d’audience et d’identité claire, sa disparition suscite néanmoins la colère des élus ultramarins et l’inquiétude des professionnels du secteur. (... )

France Ô a vécu ! À la différence de France 4, la chaîne de la jeunesse, qui a réussi à être sauvée pour avoir prouvé pendant la période de confinement l’importance de sa mission éducative, la chaîne de télévision publique dédiée aux Outre-mer français, condamnée par décision gouvernementale depuis des mois, n’est pas parvenue à échapper à la fermeture. Même pas à obtenir un sursis. (...)

Maud Petit était la seule parlementaire présente à la manifestation visant à empêcher la fermeture de la chaîne, mais elle est loin d’être la seule responsable politique ulcérée par cet aspect de la réforme de l’audiovisuel public. Dans un communiqué commun, les députés antillais Hélène Vainqueur-Christophe, Victoire Jasmin et Victorin Lurel dénoncent « la vraie honte de la République ».
S’ils reconnaissent que « des améliorations pouvaient être apportées au fonctionnement de la chaîne et qu’une redéfinition de son cahier des charges aurait été opportune », ils écrivent tout de même que « sa suppression est totalement intolérable.
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Les opposants à la fermeture de France Ô ne sont visiblement pas convaincus par le « pacte de visibilité pour les Outre-mer » vanté par la ministre de la culture et mis en avant par le gouvernement afin de justifier la réforme. (... )

Une plateforme numérique, le « portail Outre-mer », a également vu le jour. Elle rassemble les productions et notamment les contenus d’information du réseau de France Télévisions dans l’Outre-mer, les stations La Première, comparables aux stations régionales de France 3.
Ce « portail Outre-mer » et les promesses de diffusion par le biais des réseaux numériques de documentaires suscitent un espoir raisonnable chez les professionnels impliqués dans la création de contenus ultramarins.
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Ce point de vue optimiste n’est pas partagé par nombre d’interlocuteurs contactés par Mediapart, qui ne souhaitent toutefois pas être cités afin de ne pas mettre en péril leur relation avec un financeur potentiel. (... )

On proposait quelque chose sur des mouvements sociaux aux Caraïbes ou bien d’autres choses très importantes et France 2 vous répondait : “Ah, non, ça, ce n’est pas pour nous, allez donc voir France Ô.” Désormais, il faudra faire sans, mais le plus grave, c’est qu’au lieu de mettre fin à la ghettoïsation ça risque surtout de nous replonger dans l’invisibilisation. » (... )

Aux Antilles françaises et à La Réunion, en particulier, le déboulonnage des statues et la mémoire à vif de l’esclavage créent une véritable effervescence. France Ô ne n’en rendra plus compte. Mais qui à sa place, alors que la presse locale dans tous les départements français des Caraïbes et d’Amérique (Guyane, Guadeloupe, Martinique) est en perdition ? (... )

La trentaine de salariés de la chaîne doit être reclassée dans les autres services et les autres chaînes du groupe France Télévisions.