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Telerama/Samuel Gontier
BFMTV au secours de Lactalis et de la réforme des retraites
#lactalis #retraites #BFMTV
Article mis en ligne le 14 juin 2023

 Lundi matin, dans “BFMTV répond à vos questions”, les meilleurs experts ont prouvé que le Nutri-score était préjudiciable à l’information des consommateurs et que la réforme des retraites était bénéfique aux salariés… Multinationales ou gouvernement néolibéral, faites confiance à BFMTV pour défendre vos intérêts.

On parle de nutrition et plus particulièrement de roquefort, annonce Bruce Toussaint lundi matin sur BFMTV. — Oui, répond Roselyne Dubois, parce que les producteurs sont très remontés contre le Nutri-score. » Hum… En fait de producteurs, c’est surtout la multinationale Lactalis, leader mondial des produits laitiers écoulant 70 % des volumes de cette AOP (notamment via la marque Société), qui fait la guerre au Nutri-score. « Ils le jugent injuste, inadapté, ils demandent à ce que le roquefort en soit exempté. » Pauvres producteurs… Instrumentalisés par Lactalis, toute-puissante dans le sud de l’Aveyron, qui se sert de cette prestigieuse AOP fleurant bon le terroir pour mener son combat contre le Nutri-score en général. « Parce que gras et salé, forcément, c’est classé E. » Il faudrait donc éviter de manger 300 grammes de roquefort par repas ? C’est injuste ! (...)

« Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, les soutient. » Plus exactement, Carole Delga soutient Lactalis… Juste au moment où, coïncidence, une tribune de scientifiques reproche à la Commission européenne, sous la pression des multinationales, de ne pas avoir tenu sa promesse de rendre obligatoire le Nutri-score à l’échelle du continent. « Pour elle, les IGP, les AOP devraient en être exclus. » Exactement comme le réclame Lactalis, qui cherche par là à enfoncer un coin dans l’application du Nutri-score – via une campagne menée depuis 2021, quand l’Union européenne envisageait de le rendre obligatoire. « Elle a tweeté : “Le Nutri-score ne tient pas compte des qualités nutritionnelles. Dans le roquefort, on a des protéines, du calcium, des micro-nutriments…”, bref, c’est très bon pour la santé. » Et dans le beurre, il y a de la vitamine A, dans l’huile d’olive, de la vitamine E, c’est très bon pour la santé. Mais ça ne les empêche pas d’être gras. (...)

Pour trancher la question, Roselyne Dubois fait appel à l’expert BFMTV. « J’ai appelé Jean-Michel Cohen, notre nutritionniste référence. Le roquefort, bon ou mauvais pour la santé ? — C’est un bon aliment, il fait partie de la classe des fromages. » Ah bon ? Il ne fait pas partie de la classe des crustacés ? « En plus, il est fait avec du lait de brebis qui est très à la mode. » Si c’est à la mode, c’est un bon aliment. « Il est à peu près aussi gras que les autres fromages, c’est un produit qui apporte des protéines, du calcium et aussi un peu de vitamine A, de vitamine B et il contient des moisissures, c’est intéressant pour alimenter le microbiote. » Comme le morbier, le bleu d’Auvergne, la fourme de Montbrison, etc. « À tous égards, le roquefort est un bon aliment. » Surtout quand il est bon. (...)

« Donc le Nutri-score ne répond pas à ce que croient les consommateurs vouloir espérer de ce système d’étiquetage. » Et encore moins à ce que les multinationales savent vouloir en espérer. (...)

Bruce Toussaint enchaîne : « On parle de cette journée spéciale retraites sur BFMTV. — Oui parce que nous vous dévoilons en exclusivité le nouveau simulateur officiel », pavoise Roselyne Dubois. « Retraites : le simulateur officiel en exclu », clame le bandeau. Foutaise, le simulateur est en réalité accessible à tout le monde… Mais pas longtemps : il devient vite « momentanément indisponible en raison d’un trop grand nombre d’utilisateurs » – sans doute à cause de tous les journalistes de BFMTV qui s’y sont connectés pour leur « journée spéciale ». « Ça y est, il prend en compte la réforme, il a été mis à jour ce matin. Alors, à quel âge partirez-vous ? Nous avons enfin des réponses concrètes grâce à Gaëtane Meslin, cheffe du service éco. » Celle qui, à l’annonce de la réforme, expliquait que tout le monde serait gagnant, exemples à l’appui. « Et avec Stéphane Bonnet, directeur de l’Union retraite, qui regroupe tous les régimes de retraite. » (...)

« Sylvain, né en 1966, il a commencé à 15 ans et demi. Sans interruption depuis, on suppose. » Supposons – on ne va pas commencer à imaginer que les gens puissent se retrouver au chômage. « Donc carrière longue, c’est sûr. — Comme Anthony, départ à 60 ans. » Incroyable ! Avec sa réforme, Élisabeth Borne a rétabli l’âge de départ à la retraite à 60 ans, comme Mitterrand ! (...)

« Pascal qui est actuellement en retraite progressive, 61 ans à la fin de l’année, 169 trimestres cotisés, est-ce qu’il pourra partir au 1er janvier et si oui, avec décote ou pas ? — Il peut partir dès à présent, sans décote, au titre de la retraite progressive. » Cette réforme est vraiment très avantageuse pour les salariés. Tout de même, Bruce Toussaint s’étonne : « Ça veut dire qu’il bénéficie de la réforme ou il serait parti quoi qu’il arrive ? — Il serait parti quoi qu’il arrive. » D’accord. Disons que la réforme n’est aucunement préjudiciable aux salariés mais qu’elle avantage la plupart. (...)

Hourra ! Sur cinq cas étudiés par BFMTV, trois pourront partir à la retraite à 60 ans (un à 61 ans), aucun ne devra travailler jusqu’à 64 ans. Et dire que des millions de personnes ont battu le pavé pour s’opposer à cette réforme si généreuse… Ils ont visiblement été mal informés.

Pour fêter la bonne nouvelle, je vais me resservir un kilo de roquefort.