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Bachar el-Assad affame la Palestine... à Damas
Article mis en ligne le 28 décembre 2013

Chers riverains, il y a déjà un an, je vous rapportais comment l’aviation de Bachar el-Assad bombardait le plus grand camp palestinien de Syrie, Yarmouk, au sud de Damas.

Malgré les frappes massives et les offensives répétées du régime contre ce camp de réfugiés, jamais les partisans du dictateur n’ont pu en reprendre le contrôle. La population civile, première victime des combats acharnés, est tombée de 100 000 à 20 000 personnes. 20 000 femmes et hommes pris au piège. Car Bachar el-Assad a décidé d’imposer un siège sans merci à Yarmouk pour enfin y briser la résistance.

Le camp est encerclé depuis février 2013, mais un point de passage vers le reste de la capitale syrienne, contrôlé par les forces gouvernementales, continuait d’être ouvert. Ce barrage a été scellé en juillet dernier, malgré les appels répétés des Nations unies à la levée du siège.

Le 27 décembre 2013, la nouvelle est tombée que cinq personnes étaient mortes de faim à Yarmouk. Parmi les victimes, une femme, un handicapé et un vieillard. Le camp de réfugiés étant coupé du monde, il est possible que le bilan soit plus élevé. En tout état de cause, la population épuisée va payer un très lourd tribut aux rigueurs de l’hiver, car il a neigé à Damas ces derniers jours, une catastrophe pour les réfugiés assiégés.

Le Fatah et le Hamas, trop occupés à se quereller entre Ramallah et Gaza, ne se soucient guère des réfugiés palestiniens de Syrie. Abandonnés par l’OLP comme par ses rivaux islamistes, ils sont aussi refoulés lorsqu’ils tentent d’accéder à la Jordanie voisine, soucieuse de ne pas accueillir une population palestinienne supplémentaire.

Les « réfugiés du rap », groupe né dans le camp de Yarmouk, ont récemment lancé un poignant cri de détresse. (...)

L’arme de la faim n’est pas utilisée par le régime Assad contre les seuls Palestiniens. Une dizaine de quartiers ou de localités sont ainsi soumis à un siège impitoyable, au point d’avoir suscité une campagne internationale de protestation, à laquelle Noam Chomsky ou Jürgen Habermas ont apporté leur soutien. (...)

Et pendant ce temps, que dit le monde ? Que fait la « communauté internationale » ? Rien, ou plutôt moins que rien. (...)

Aux Etats-Unis, les voix s’élèvent pour prôner un renversement d’alliance au profit du dictateur syrien et au nom de la lutte contre Al Qaeda. Un des éminents défenseurs de cette thèse est Ryan Crocker, ancien ambassadeur américain à Bagdad, à qui Washington vient d’effectuer une livraison d’armes majeure.

Tout cela fait sens si l’on se rappelle que le régime irakien est un allié déterminé de Bachar el-Assad et que les « volontaires » irakiens sont désormais plus nombreux que les miliciens du Hezbollah à combattre aux côtés du régime syrien. A jouer Bachar contre les djihadistes, on aura Bachar et les djihadistes. La boucle est bouclée. Ou plutôt, le garrot est resserré autour des femmes et des hommes de Yarmouk, d’Alep et de toute la Syrie.