
(...) Observant du coin de l’oeil son fils Raul, quatre ans, qui court autour de lui, il semble marqué par près de 40 ans d’une cavale quasi permanente. Condamné par contumace à la perpétuité en Italie pour quatre meurtres commis à la fin des années 70, Battisti a toujours clamé son innocence et se dit victime d’une persécution politique
(...) Au Brésil depuis 2004 après avoir passé une quinzaine d’années en France, il n’a cessé de vivre sous la menace des multiples demandes d’extradition de l’Italie (...)
Fin 2010, Rome a essuyé un refus de l’ex-président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva, qui a décidé de ne pas livrer Battisti dans un décret pris le dernier jour de son mandat.
– Guernica et Che Guevara -
Mais le vent pourrait avoir tourné, le président brésilien, le conservateur Michel Temer, semblant plus enclin à accéder aux demandes italiennes.
"Une loi stipule que ce décret ne peut pas être annulé après un délai de cinq ans. Et en plus il y a une question éthique", argumente l’ex-membre des Prolétaires armés pour le communisme.
Dans le salon de la maison, le portrait de Karl Marx côtoie un autre de Che Guevara, un drapeau de la Palestine et une reproduction du Guernica de Picasso.
"Je ne suis pas sûr que Temer va faire ça (l’extrader). Ça m’étonnerait qu’un président puisse annuler le décret d’un de ses prédécesseurs", insiste-t-il d’une voix posée même si ses yeux témoignent d’une certaine lassitude.
Battisti est suspendu à la décision de la Cour suprême, qui doit trancher à Brasilia à partir de mardi : l’extradition de Battisti serait-elle légale ou non ?
Sa compagne, Priscila, enseignante de 31 ans, mère du petit Raul, le regarde avec inquiétude. Un sentiment qui la ronge depuis plus de deux semaines, quand qu’elle a appris que son compagnon avait été arrêté à la frontière bolivienne. (...)
Son interpellation a provoqué une tempête médiatique qui l’a sorti de la tranquillité dont il jouissait dans la paisible Cananeia, bourgade brumeuse de 12.000 habitants (...)
"J’ai toujours dit que je suis coupable d’avoir pris part à un groupe armé et d’avoir pris position contre un État fasciste, mafieux et voleur. Mais les crimes pour lesquels j’ai été condamné, ils doivent en fournir les preuves", affirme-t-il.
"La seule chose qui me dérange un peu, c’est la douleur causée à ma famille", ajoute Battisti, rappelant qu’il a laissé deux filles en France.
Car pour lui "le combat mérite d’être mené, pour améliorer les conditions de vie des peuples, des pauvres, de ceux qui n’ont pas accès aux richesses du monde".