
Déçu par l’abandon de l’idée d’une nationalisation, Benjamin Coriat reproche au gouvernement de céder à « toutes les demandes des lobbys patronaux ».
(...) J’étais tout à fait favorable à la nationalisation temporaire. Dans la mesure où cela permettait de fabriquer une unité viable, de sauver les emplois et de continuer à faire vivre la région.
Les réserves que j’avais étaient que cette formule ne pouvait pas être considérée comme une véritable politique industrielle. Parce que c’était une opération de sauvetage alors qu’une politique industrielle a une dimension prospective, offensive et prépare l’avenir. (...)
on peut aussi s’étonner de l’annonce du gouvernement français qui va y mettre de sa poche pour des sommes (au delà des 150 millions déjà prévus pour Ulcos) qui sont, semble-t-il, assez importantes.
Et cette fois purement à perte, puisqu’elles seront dépensées au bénéfice de M. Mittal qui reste propriétaire des installations alors que dans le cas de la nationalisation temporaire, c’était des actifs qui restaient du côté public. Donc on ne voit pas très bien, sur un plan strictement économique l’intérêt de la formule retenue.
Il s’en est bien tiré Mittal dans la négociation ! C’est le moins qu’on puisse dire. Il ne prend aucun engagement à maintenir les hauts fourneaux en activité, en revanche l’Etat s’engage à abonder dans des financements supplémentaires, pour une entreprise qui a distribué l’année dernière deux milliards de dividendes. On est quand même dans un monde extrêmement étonnant. (...)
non le secteur n’est pas moribond. Le secteur de la sidérurgie, comme l’ensemble des autres secteurs en Europe, passe par une période difficile du fait de la récession et de la crise.
Et la récession elle-même, pour partie elle est le résultat des politiques choisies en Europe. En alignant l’ensemble des pays de la zone euro sur les engagements à revenir à des déficit zéro dans des délais très brefs., (dispositions adoptées dans le Pacte budgétaire,) on rajoute de la récession à la récession, partout en Europe. (...)
Ce que les salariés d’Arcelor ont démontré, dans le cas de Florange, c’est que sous certaines conditions, si on garde ensemble le chaud et le froid, le site est viable. Ce qui n’était pas viable c’était la seule partie dont Mittal voulait se défaire. Donc on n’est pas dans des domaines voués à disparaitre.
Montebourg a d’ailleurs sur son bureau un rapport d’expert qui montre que le site Florange si son intégrité est préservée est parfaitement rentable. Si le gouvernement ne fait plus confiance aux experts qu’il a lui même commissionnés, il y a un gros problème…
Le site de Florange n’est nullement moribond. Il fabrique des aciers premiums pour Mercedes et d’autres voitures haut de gammes.
L’histoire n’est pas celle là. L’histoire, c’est celle de Mittal qui s’est surengagé dans l’achat d’entreprises les unes après les autres, et qui a se trouve aujourd’hui surendetté. (...)
il semble bien que la conviction de ce gouvernement est que seule l’entreprise privée est efficace. Il donne l’impression de ne pouvoir envisager d’autres formules, sans une extrême défiance. (...)
Ensuite, je crois que ce gouvernement est très réticent à mettre en œuvre de la politique industrielle sous quelque forme que ce soit. (...)
On est très surpris de voir la capacité de ce gouvernement à céder à toutes les demandes des lobbys patronaux ! L’idée de la nationalisation partielle avec revente ensuite aurait peut être couté de l’argent au passage, ça on ne peut pas le dire à l’avance. Mais l’opération choisie vendredi, on ne nous l’annonce pas à coût zéro non plus.