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Bernie Sanders : Vers un mouvement de masse sans précédent aux Etats-Unis ?
Article mis en ligne le 15 mars 2016

Une interrogation plane désormais au-dessus des Etats-Unis d’Amérique, et par conséquent au-dessus du monde entier : le sursaut populaire sans précédent provoqué par la campagne de Bernie Sanders pourra-t-il se transformer en un mouvement populaire organisé qui va ébranler le cœur de la superpuissance impérialiste et changer le cours de l’histoire ?

Il n’y a pas de doute que cette interrogation va surprendre le lecteur : Un mouvement populaire aux Etats-Unis ? Et de surcroit « organisé » ? Qui va ébranler le cœur de la superpuissance impérialiste ? Mais est-il possible que de tels événements historiques se produisent aux EU et que personne n’en dit mot en Europe ? Il est tout à fait normal que le lecteur en soit incrédule. Ce n’est pas à lui la faute s’il manque si cruellement d’information : il est victime d’une véritable campagne de désinformation très bien organisée au niveau planétaire. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard que même les plus avertis, ceux qui fouillent profond dans les quelques informations, n’ont pu apprendre qu’un sénateur américain un peu « excentrique », qui se présente comme « socialiste », du nom de Bernie Sanders, crée des surprises l’ une après l’autre et rende un peu difficile la marche de Hillary Clinton vers la « nomination » du Parti Démocrate et vers… la Maison Blanche. Un point c’est tout…

Que diriez-vous alors si on vous disait que depuis des mois, ce même Bernie Sanders n’arrête pas de proclamer que « Cette campagne n’est pas pour que Bernie Sanders soit élu président. Elle est pour que soit créée dans ce pays un mouvement politique populaire » . Et comme il l’explique lui-même chaque jour, l’objectif principal – sinon exclusif - de sa campagne est d’extraire de la marginalité de la vie politique et sociale les travailleurs et les travailleuses, les jeunes, les minorités nationales et sexuelles opprimées, les femmes, et les paysans pauvres et moyens, afin que tous et toutes ensemble prennent conscience de leur énorme force pour prendre en main leur destin en entrant dans « le processus politique », et en créant un « mouvement de masse » lequel rendra possible la « révolution politique » prêchée par le Sénateur du Vermont ! (...)

Il faut donc être clair : Il n’est pas question de voir Bernie Sanders à la Maison Blanche, une éventualité totalement irréaliste (car suffirait une de ces… balles assassines qui jalonnent les traditions politiques américaines pour qu’un tel « miracle » soit évité même in extremis), mais de la perspective de voir se réveiller la société nord-américaine et que devienne réalité le mouvement de masse de ses citoyens opprimés et jusqu’à maintenant muets et atomisés.

Evidemment, la création d’un tel mouvement populaire organisé constitue une entreprise gigantesque et terriblement difficile. D’ailleurs, son succès ne dépend pas seulement de la bonne volonté et disposition de Bernie Sanders, comme il n’arrête pas lui-même de le déclarer quand il prévient quotidiennement ses supporters à ne pas croire aux divers « sauveurs » mais seulement à leurs propres forces : « Ces élections ne sont pas pour Bernie Sanders. Vous pouvez avoir le meilleur président de l’histoire du monde –quelqu’un de courageux, d’intelligent et d’audacieux. Cette personne ne sera pas en mesure de traiter avec succès les grandes crises que nous affrontons que s’il y a un mouvement politique de masse -une révolution politique- dans ce pays » .

Ce qui est très encourageant c’est qu’il y a déjà des milliers de ses supporters qui ressentent l’urgence d’un tel mouvement indépendant et s’en occupent non seulement en théorie mais aussi en pratique. (...)

Ce qui est encore plus important c’est que se multiplient actuellement les réseaux et les structures organisationnelles de toute espèce des partisans de Sanders qui veulent continuer à exister, à se coordonner et à agir de façon indépendante même après les élections présidentielles. C’est ainsi qu’en dehors des structures organisationnelles (plus ou moins « classiques » dans les campagnes électorales, mais qui dans ce cas tiennent souvent des congres nationaux avec élection des délégués de base !) - regroupant tous ceux qui sont « pour Bernie » comme les « Femmes », les « Jeunes », les « travailleurs », les « vétérans », les « Africains », les « Latinos », les « Socialistes » ou les « Juifs pour Bernie », les partisans de Sanders se retrouvent aussi dans plusieurs organisations radicales comme par exemple « Revolt against Plutocracy » ou « Movement4Bernie ». Celles-ci comme d’ailleurs des organisations préexistantes d’extrême gauche ou écosocialistes, des syndicats ouvriers, des mouvements sociaux comme par exemple le puissant « Fight for$15 » (Lutter pour le salaire minimum de 15 dollars) et des réseaux locaux des citoyens, déclarent ouvertement qu’elles ambitionnent de donner une suite organisationnelle et movimentiste à la campagne de Bernie Sanders !

Selon tous les sondages et autres enquêtes concernant sa campagne (et il y en a des dizaines), Bernie Sanders est soutenu par une grande majorité des citoyens de moins de 50 ans, et ce soutien se rapproche ou même dépasse 80% dans la tranche d’âge 18-35 ans ! Il est à noter que ce soutien n’est pas passif, mais enthousiaste et actif. Sans ces jeunes activistes, la campagne de Bernie Sanders aurait été pratiquement impossible vue qu’elle a démarrée sans un sou et qu’elle était presque totalement ignorée par les medias américains… (...)

Comme l’affirme la prestigieuse revue américaine de gauche The Nation (fondée en 1865 !) dans une longue et très détaillée enquête centrée sur l’Etat de Floride, la campagne de Bernie Sanders a trois pylônes : le mouvement Occupy Wall Street, l’aile gauche du mouvement syndical et les « Progressive Democrats » . Ce n’est pas donc un hasard que ces « trois pylônes » et leurs activistes œuvrent déjà pour la transformation de la campagne électorale en un mouvement radical de masse indépendant du Parti Démocrate ! (...)

Et tout ça sans démagogie et mots d’ordre faciles, mais avec un Bernie Sanders s’adressant à l’instinct de classe et à l’intelligence des participants tout en martelant qu’il ne faut pas croire aux « sauveurs » mais seulement à la force collective de « ceux d’en bas » |1|.