
Ce matin (5janvier), sort en librairie Giec, urgence climat le rapport incontestable expliqué à tous. Fondé sur les rapports complets des trois groupes de travail du GIEC, parus en 2021 et 2022, il en restitue l’essentiel. Son coeur est en effet constitué par trois chapîtres qui suivent au plus près le texte des experts, mais avec des choix drastiques de réduction. Une obligation incontournable puisque les rapports complets titillent les dix mille pages.
Son introduction propose une histoire lapidaire du GIEC et de l’origine du dossie climatique. Sa conclusion aborde deux questions cruciales : peut-on faire confiance au GIEC, et pourquoi, malgré la signature de la Convention Climat en 1992, à Rio de Janeiro (Brésil), les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté de 54% en équivalent CO2 en trente ans. En voici quelques bonnes feuilles, tirées de sa conclusion, consacrées à la confiance que l’on peut accorder au groupe-3 du GIEC. (...)
"Tous les êtres humains n’ont pas la même réponse à la question : « Dans quelle société voulons-nous vivre ? »
Cette diversité d’opinion traverse les communautés scientifiques. Les fortes inégalités sociales ne relèvent pas seulement du constat, elles sont pour certains économistes indispensables au fonctionnement de la société – c’est au cœur de l’ultralibéralisme aujourd’hui dominant – tandis que d’autres les considèrent comme des tares à réduire ou à éradiquer. Des économistes défendent le marché capitaliste comme instrument principal de la conduite des sociétés, parfois en véritables extrémistes si l’on songe à ceux de l’Université de Chicago (1). Leurs émules actuels s’élèvent contre l’intervention de l’État, toujours qualifiée d’inefficace et liberticide, tandis que d’autres soutiennent la nécessité de régulations étatiques fortes et de planifications collectives pour affronter le changement climatique. Ces oppositions d’idées et opinions sont à l’œuvre jusque dans les discussions du Groupe 3 lorsque les économistes se demandent comment obtenir la privation volontaire de l’énergie fossile afin d’éviter un dérapage climatique. Tout mécanisme de marché oriente nécessairement les acteurs économiques vers ces sources, lorsqu’elles sont les moins chères et les plus disponibles. Or, le courant dominant en économie, comme la plupart des forces politiques au pouvoir, croient dur comme fer aux vertus du marché capitaliste et ne se rallient qu’à contrecœur à l’outil des taxes, honnissant toute planification et intervention étatique.
Le Groupe 3 ne peut donc que refléter cette diversité de choix et d’opinions. Il le fait d’ailleurs de plus en plus, car les rares économistes qui s’intéressaient au sujet il y a trente ans, souvent spécialistes de l’énergie ou du développement des pays pauvres, ont été rejoints par d’autres courants académiques. Le « Résumé technique » note ainsi une envolée des recherches en sciences sociales consacrées au changement climatique, notamment aux aspects sociaux de l’atténuation. Les experts ont identifié près de 100 000 études de sociologie, psychologie, de genres et de sciences politiques, dont les mots-clés pointent vers ces sujets. Leur nombre croît de 15 % par an et l’on compte deux fois plus de publications entre 2014 et 2020 que durant toutes les années précédentes.
La mobilisation des économistes sur le changement climatique s’est accélérée, comme le montre l’augmentation rapide du nombre de publications. Mais les désaccords radicaux existent toujours quant à la seule mesure des dégâts du changement climatique, puisque certains anticipent une très faible diminution du PIB quand d’autres prévoient des catastrophes de très grande ampleur. Il faut d’ailleurs noter que les outils les plus utilisés par les économistes (PIB, comptabilité nationale…), et souvent au premier rang des objectifs des responsables politiques, sont très peu adaptés à la problématique du changement climatique. (...) "