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Bordeaux : Les astronomes lancent une pétition pour réhabiliter l’observatoire
Le site est fermé depuis près d’un an et pourrait être vendu...
Article mis en ligne le 28 mai 2017

En juillet 2016, les quelque 80 personnes qui travaillaient à l’Observatoire de Bordeaux (mais situé à Floirac) faisaient leurs cartons pour s’installer dans un laboratoire tout neuf du campus universitaire de Pessac. Derrière eux, ils laissaient un bâtiment habité par 138 ans d’astronomie.

Depuis, une année s’est presque écoulée et d’ici quelques mois le site de l’Observatoire, qui appartient actuellement à l’Etat, sera récupéré par l’université de Bordeaux. Ce changement de propriétaire inquiète les scientifiques : « L’université ne cache pas son désir de se défaire de certaines possessions dans le but de renflouer ses caisses, raconte le professeur Philippe Paillou. On craint que ce soit le cas pour l’Observatoire ».

« Faire en sorte que le site continue à vivre »

Afin d’éviter cela, lui et d’autres passionnés du ciel - professionnels ou amateurs - se sont regroupés au sein d’une association, Sirius, afin de sauvegarder et de réhabiliter le lieu et ce qu’il renferme.

« A Pessac, on est dans un bâtiment neuf très confortable (…) Notre but n’est donc pas de réintégrer l’observatoire pour y travailler comme avant, précise le scientifique. Mais on veut le préserver et faire en sorte que le site continue à vivre : on a d’ailleurs récemment rencontré plusieurs associations d’amateurs d’astronomie de la région et évoqué avec eux tout un tas de projets de réutilisation ».

Un enjeu patrimonial

Pour se faire entendre, l’association a lancé une pétition la semaine dernière dont le destinataire - « c’est symbolique » - n’est autre qu’Emmanuel Macron. « Le but n’est pas d’atteindre un certain nombre de signatures et il n’y a pas de date de clôture. En fait, on veut juste éviter qu’ils vendent le site, puis le rasent pour construire des immeubles ».

Pourquoi préserver l’endroit à tout prix ? « D’abord c’est un beau site d’environ 13 hectares ». Ensuite, bien que plus personne ne s’en serve, l’observatoire abrite toujours de nombreux instruments qui ont une valeur muséale.
(Re) voir les anneaux de Saturne
Selon Philippe Paillou, ils pourraient être utilisés par des scolaires ou des astronomes amateurs : « On avait par exemple complètement automatisé un ancien radiotélescope. Ça permettait à tout le monde de s’en servir et c’était accessible et commandable via une surface web. A travers le monde, on avait 1.500 utilisateurs ! »
Le scientifique en est convaincu : si l’Observatoire est réhabilité, il pourrait attirer de nombreux visiteurs comme c’était le cas auparavant. « Lorsqu’on organisait des journées portes ouvertes il y avait environ 2.000 entrées à chaque fois ».
Lui-même se dit prêt à donner de son temps pour faire revivre le lieu (...)

Lire aussi : Le ciel va-t-il tomber sur la tête de l’Observatoire de Bordeaux ?
(...) Quant à la Ville de Floirac, commune sur laquelle le site est installé, on y assure que le PLU a « sanctuarisé » le site, le classant partiellement en zone inconstructible :

« Sur les 13 hectares qui constitue l’Observatoire, seuls 5000 m2 sont constructibles à la condition qu’il s’agisse d’opération d’intérêt général ou de constructions de bâtiments publics, détaille Jean-Bernard Duboscq, le directeur de cabinet du maire. Si l’Université décidait de vendre, il ne pourrait donc pas y avoir de logements sur cette zone ».

Avant toutefois d’ajouter que « si des entreprises postulent, elles pourraient être autorisées à s’installer, à la condition qu’elles créent des emplois ».

Pas de quoi rassurer les membres de l’association Sirius :

« Un Plu, cela peut changer, surtout dans le contexte de pression immobilière actuelle que connaît la métropole bordelaise, souligne Philippe Paillou. Et quand on connaît la situation exceptionnelle dont jouit le site de l’observatoire, perchée sur une colline proche de la Garonne… Surtout, même sans constructions dénaturantes, rien ne garantit que l’acheteur éventuel du site entretienne les instruments et garantisse leur accès ! » (...)

Au cœur de l’Observatoire se cache une œuvre d’art
En devenant propriétaire de l’Observatoire de Bordeaux, l’Université de Bordeaux héritera d’une œuvre d’art : c’est dans le pavillon le Grand Équatorial de L’Observatoire de Floirac, que Suzanne Treister a réalisé L’Observatoire / Bibliothèque de science-fiction, le premier volet du triptyque qu’elle déploie dans la Métropole dans le cadre de la commande artistique Garonne (avec Vril, sculpture en forme de soucoupe volante, d’environ 20 mètres de diamètre, installée aux Bassins à flot à Bordeaux, et Le Puits / Pavillon Jacques Ellul, construit sur le modèle du belvédère du Petit Trianon de Versailles et installé dans le Parc aux Angéliques).
Cet Observatoire, bibliothèque de science-fiction, pensé comme une sorte de cabinet de curiosités, sera inauguré fin juin. De quoi laisser songeur quand on sait que le bâtiment dans lequel cette œuvre a été installé est actuellement fermé au public…
Ce hiatus pose la question de son accessibilité. Pour Michel Duchène, vice-président de Bordeaux Métropole en charge de l’urbanisme et président du comité de pilotage de la commande Garonne, il est évident que cette œuvre devra être visible
(...)