
La grève générale du vendredi 28 avril 2017 constitue sans aucun doute le plus fort « arrêt de travail » de toute l’histoire du Brésil. Et il ne s’est pas agi d’une grève passive où l’on n’aurait fait « que » ne pas travailler. A travers tout le pays, des milliers de mobilisations ont eu lieu dès le soir précédent, avec des blocages de routes et d’autoroutes ainsi que des marches et des manifestations invitant les « indécis » à abandonner le travail dans toutes les villes du pays.
Pour la première fois, l’oligarchie brésilienne a reçu une réponse à la hauteur de sa brutale offensive et de ses contre-réformes qui tentent d’imposer la tertiarisation (système sous-traitance) du travail, l’augmentation des années exigées pour obtenir un droit à la retraite et l’annulation des principaux droits syndicaux et démocratiques conquis avant et après la Constitution de 1988. C’est un plan néolibéral qui placerait le Brésil parmi les pays les plus arriérés de la planète et qui le pousserait vers une crise sociale et économique sans issue.
La grève a été une manière de dire que toute expectative de négociations avec un Parlement majoritairement dirigé par les ruralistes, le « lobby de la balle » et par les évangéliques, ne pouvait déboucher que sur une impasse.
Les déclarations de certains dirigeants des principales centrales [syndicales] du pays montrent qu’ils sont d’accord sur le fait qu’une confrontation est en train de se préparer entre l’oligarchie et les travailleurs et que ce n’est que dans la rue qu’une solution pourra être trouvée. (...)
De son côté, le président de la Centrale Unitaire des travailleurs (CUT) – qui est inféodée au Parti des Travailleurs – Vagner Freitas [qui a été secrétaire de la gestion politique de la CUT entre 2006-2009, puis des finances de la CUT et enfin président élu en 2012 et réélu pour la période de 2015-2019] a annoncé que les instances allaient discuter pour savoir si on allait organiser une marche des cent mille sur Brasilia, une nouvelle grève de deux jours ou alors les deux choses à la fois.
La contre-réforme « travailliste » [sur le Code du travail] a déjà été approuvée la semaine passée par les députés. Mais le leader du PMDB (Parti du mouvement démocratique brésilien) au Sénat, Renan Calheiros, a assuré que « comme elle avait été approuvée par les députés, elle ne passerait pas devant le Sénat », ouvrant ainsi la possibilité d’une nouvelle négociation avec les centrales.
Comme l’a révélé une enquête, cette contre-réforme a été élaborée par des patrons de grandes industries et des banquiers. (...)
les prochaines mobilisations visant à barrer la route aux contre-réformes de l’actuel gouvernement ont de grandes chances de croissance autant quantitative que qualitative. Et c’est bien cette force dont nous avons besoin pour mettre en échec les banques, elles qui sont les principaux ennemis des travailleurs du Brésil qui ont été expoliés par une dette publique enrichissant les banquiers et un 0,3% des habitants du pays qui détiennent les titres publics. C’est une dette frauduleuse qui mine la souveraineté nationale afin d’engrosser le capital financier [qui encaisse les intérêts de la dette]. (...)