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Greek Crisis
Bric-à-brac
Article mis en ligne le 28 septembre 2015

(...) “Les abeilles et les ex-idées fréquentent les décombres”, écrivait notre poète Elýtis dans son dernier recueil, publié post-mortem en 1998. Le monde... plus son impression de tourner.

Les trains sont à l’heure pratiquement, sauf qu’ils ne sont pas toujours remplis. Depuis Athènes et à destination du Nord du pays, c’est la moyen de transport le moins onéreux, ces rames sont d’ailleurs parfois empruntées par les réfugiés et les migrants qui quittent la capitale où ils s’entassent, après avoir quitté le Pirée... après avoir quitté les îles grecques de l’Égée orientale, après avoir quitté la Turquie... et après avoir quitté leurs pays.

À la gare centrale d’Athènes, une banderole souhaite aux réfugiés... une sorte de bienvenue chez nous, dans la pratique et comme toujours entre les humains tout se déroule autrement. Les Grecs, ni hostiles, ni forcement bienveillants observent ces gens amassés et campant dans les parcs de leurs villes, aux conditions exécrables et insalubres, c’est-à-dire inhumaines.

Certaines stations du métro athénien ont déjà servi d’abris, sous les orages et les pluies de cette semaine, les commerçants et les aubergistes se plaignent “de l’invasion”, sauf que de nombreux habitants, par le biais ou pas des associations, apportent aux refugiés et aux migrants de la nourriture, des vêtements... et des parapluies.

Des centres d’accueil fermés il y a à peine quelques mois car inadaptés sont sur le point de... reprendre du service, d’autres, partout on improvise, à l’instar du maire estampillé Nouvelle démocratie de Paléo Fáliro, quartier aisé au Sud d’Athènes, il vient d’ouvrir un gymnase de sa commune pour y accueillir les familles des réfugiés. (...)

Le conducteur (Grec) de l’autocar a enfin rassemblé... ses argonautes. Les refugiés se sont comptés par deux fois en montant à bord. L’un d’entre-deux a alors lancé en anglais et en rigolant du conducteur : “Allons-y, partons, destination la maison... c’est à dire l’Allemagne”. Et le chauffeur a instantanément répondu : “Eh... tu vas la payer bien cher cette... maison”. (...)

Les mélanges grecs (et... globalisants) aboutissent ainsi à un certain bric-à-brac inévitable. Dans les bourgades de Thessalie, les réfugiés et autres migrants ne sont perceptibles qu’à travers la télévision, d’où ces préoccupations quotidiennes pratiquement... hellénocentriques. La vie suit son cour, mémorandum après mémorandum. À Trikala, ville importante de cette région, les changements sont plus lents qu’à Athènes, mais toutefois ils sont discernables.

En ces lieux, des boutiques ferment définitivement et... des cafés s’ouvrent parfois à leur place, à l’exemple du “Chat noir”, une nouveauté. (...) “Les gens se mettent... massivement à cultiver du cannabis, pour leur propre consommation mais aussi, pour... commercer. Nous découvrons chaque jour presque, de nouvelles plantations dissimulées dans du maïs... C’est la crise !” (...)

À Trikala, on peut boire son café au Chat Noir... comme on peut ne plus pouvoir se faire soigner à l’hôpital de la ville. Ses services ferment les uns après les autres, aux urgences il n’y a plus de récipients pour récolter l’urine à destination du laboratoire, “utilisez les gobelets en plastique de la cafeteria” ordonne alors Maria, l’infirmière en chef, c’est alors toujours et encore la crise. (...)

Dans les campagnes aussi, c’est “sauve qui peut” et la débrouille, la très ample toxicité et l’anxiété d’Athènes en moins. “Il n’y a plus rien à faire, je vais faire faillite et ensuite travailler un peu pour survivre en... non déclaré, jusqu’à ma retraire, je sais, elle sera de 360 euros par mois”, annonce un petit commerçant à son comptable. “Comme tu veux mon ami”. (...)

En attendant, les navires abordent toujours le Pirée et dans un des bistrots du plus grand port grec, deux touristes heureux, venus d’Allemagne ont alors posé cette belle question au barman : “Il parait que le port du Pirée est désormais acheté par les Chinois, cela ne vous choque-t-il pas ?” En guise de réponse, le barman a aussitôt rétorqué : “Il parait que l’aéroports d’Athènes, ainsi que 14 autres grands aéroports de notre pays appartiennent aux Allemands, cela ne vous choque-t-il pas ?” Et l’échange prit fin. (...)

Au centre du pays sur une aire de repos, près de l’entrée-sortie de l’autoroute centrale de la Grèce (Athènes-Thessalonique), les autocars... des Grecs à destination du Sud, croisent en ce moment ceux des... réfugiés-migrants, en route vers le Nord, le... Grand Nord. Moments mouvants, voire émouvants et parfois suffisamment insolites, en dépit, ou sinon, grâce à la gravité sans cesse renouvelée des siècles et des humains. (...)