Éclairer les stratégies politiques d’aujourd’hui à la lumière des bouleversements qu’a subis le modèle socio-économique français depuis quatre décennies. C’est ce qu’accomplit l’économiste Bruno Amable, professeur à l’université de Genève, dans La Résistible Ascension du néolibéralisme, tout juste publié aux éditions La Découverte. Il est l’invité de ce nouveau numéro d’« Éco à contre-courant ».
Dans une version traduite, remaniée et actualisée d’un ouvrage déjà paru en anglais, Bruno Amable analyse la vie politique française en fonction des compromis sociaux noués par les élites gouvernementales, et de leur capacité à s’appuyer sur un « bloc social dominant » pour asseoir leur légitimité dans la durée. Selon lui, c’est la difficulté à forger un tel bloc qui explique une crise de représentativité particulièrement aiguë en France.
Éclairer les stratégies politiques d’aujourd’hui à la lumière des bouleversements qu’a subis le modèle socio-économique français depuis quatre décennies. C’est ce qu’accomplit l’économiste Bruno Amable, professeur à l’université de Genève, dans La Résistible Ascension du néolibéralisme, tout juste publié aux éditions La Découverte. Il est l’invité de ce nouveau numéro d’« Éco à contre-courant ».
Dans une version traduite, remaniée et actualisée d’un ouvrage déjà paru en anglais, Bruno Amable analyse la vie politique française en fonction des compromis sociaux noués par les élites gouvernementales, et de leur capacité à s’appuyer sur un « bloc social dominant » pour asseoir leur légitimité dans la durée. Selon lui, c’est la difficulté à forger un tel bloc qui explique une crise de représentativité particulièrement aiguë en France. (...)
Au tournant des années 1970-1980, les gouvernements de droite comme de gauche ont en effet accompli des transformations néolibérales qui ont profondément déstabilisé les compromis sociaux issus de l’après-guerre. Le bloc de droite et celui de gauche, qui incluaient chacun à leur manière des milieux populaires, se sont alors fissurés. Le surgissement d’Emmanuel Macron correspondrait à la fédération d’un « bloc bourgeois », comprenant des groupes sociaux richement dotés en capitaux culturels et/ou économiques.
L’étroitesse de ce bloc social, explique Bruno Amable au cours de l’émission, est compensée par sa cohérence, tandis qu’aucun « bloc antibourgeois » n’émerge comme option. (...)
l’économiste estime que l’actuel chef de l’État cherche désormais à élargir le « bloc bourgeois » vers sa droite.
L’intégration européenne, insiste-t-il dans son livre et dans l’émission, est un obstacle à la constitution d’un bloc de gauche replaçant les milieux populaires en son cœur, et non plus en sa lointaine périphérie.