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« C DANS L’AIR »… DU TEMPS
Article mis en ligne le 20 novembre 2015
dernière modification le 14 novembre 2015

l’antenne depuis septembre 2001, l’émission « C dans l’air » repose sur un cahier des charges relativement simple : trois ou quatre experts en tout et en rien, triés sur le volet, viennent bavarder, au besoin relancés par le bon sens d’Yves Calvi. Les invités ont presque toujours le bon goût d’être d’accord sur l’essentiel, ce qui permet de discuter confortablement de broutilles, et de faire passer les points centraux du débat comme déjà tranchés – par les « experts ». Ces débats faussement vrais (et parfois vraiment faux) ne s’improvisent pas : la composition du plateau est souvent un modèle de déséquilibre. Car, « C dans l’air » présentent une vision très particulière du pluralisme : une pluralité de voix identiques, à quelques bémols près.

Sur la période allant de septembre 2011 à septembre 2012, crise oblige, plusieurs dizaines d’émissions ont été consacrées à l’économie. Outre des journalistes, chefs d’entreprises ou syndicalistes, 103 invitations ont été attribuées à des « économistes ». On entend ici par « économistes » des personnes présentées par « C dans l’air » comme « professeur d’économie » ou « de gestion », « chercheur en économie », « conseiller économique ou financier », « analyste financier », ou… « Économiste ». Sur cette période donc, 26 économistes se sont répartis les 103 invitations et ils ne sont que quinze à avoir été invités une seule fois. Onze économistes se partagent donc 92 invitations.

Ces économistes défendent tous l’orthodoxie libérale, et s’il existe quelques nuances entre eux, il n’en demeure pas moins qu’ils sont tous favorables à la construction européenne, au libéralisme économique et à la mondialisation. Présentés comme économistes, ils sont presque tous impliqués dans la banque et la finance, et plus globalement dans le monde de l’entreprise en tant que conseiller ou administrateur… sans parler de leur appartenance politique.

Les brefs curriculum vitae de ces piliers de « C dans l’air » révèlent la taille (réduite) du périmètre à l’intérieur duquel est traitée la question économique. Par leurs positions sociales, par leurs appartenances politiques, par leurs orientations idéologiques et, pour certains, par leur implication dans des entreprises privées, ils forment un groupe très homogène, assez représentatif de l’ensemble des économistes invités dans les médias. Mais beaucoup moins représentatif de l’ensemble des économistes, et encore moins de la diversité des analyses de la situation économique actuelle, de ses causes et des remèdes possibles.

En définitive, le cercle des privilégiés s’auto-entretient grâce à deux ingrédients maintes fois identifiés dans les travaux de la sociologie des médias : la paresse des journalistes et l’omniscience imaginaire mais revendiquée des experts. (...)

Leurs innombrables erreurs n’y font rien : ils gardent la confiance aveugle des médias.