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L’Humanité
CAHIERS DE LA COLÈRE ET DE L’ESPOIR. VOS TÉMOIGNAGES
Article mis en ligne le 1er février 2019

Retraités, enseignants, personnels de santé, chômeurs, précaires ont massivement répondu à l’appel de l’Humanité à écrire leurs « Cahiers de la colère et de l’espoir », élargissant le débat au-delà du cadre imposé par Emmanuel Macron. Parmi toutes ces revendications, parfois joliment énumérées façon liste à la Prévert, ce sont les témoignages de vie qui frappent, illustrant avec force le fossé qui sépare le peuple du pouvoir macroniste. Des mots, simples, qui racontent le quotidien de cette France d’en bas bien déterminée à relever la tête. Extraits.

Yvan Hart : « C’est ça ma vie, j’accélère sans cesse »

Les murs du lycée étaient froids même en été, on y aurait mis le feu pour nous réchauffer. Vingt ans ont passé, les locaux ont changé, toujours aussi froids l’hiver mais très chauds l’été. À la mise en bouteilles de grands vins et champagnes que je ne pourrai jamais me payer, c’est là que j’ai commencé. Je me rappelle de Raymond, le contremaître : « Accélère la cadence, ça va te réchauffer ! » Accélère, accélère, il ne connaissait que ce mot, même pendant la pause. Il répétait : « Accélère ta cigarette si tu veux avoir le temps d’aller aux toilettes ! » Alors, c’est ça ma vie, j’accélère sans cesse ! Le soir, lorsque je pars avec mon auto de Noisy, il est 17 h 45, je n’ai pas le temps de flâner car je dois arriver à l’heure pour récupérer notre fils, Léo. Faut dire que nous habitons dans un petit village en limite de l’Oise et de la Seine-et-Marne, il n’y a pas de gare et très peu de bus. J’ai tout de même la chance de rentrer tous les soirs. Ce n’est pas le cas de la femme, je n’aime pas dire « ma », elle ne m’appartient pas. C’est une femme et quelle femme ! Ma voiture, ça, je peux le dire, elle est à moi, je rembourse le crédit tous les mois, ça n’a pas de fin. C’est bien foutu les crédits, lorsque tu as fini de payer, tu recommences car la voiture a trop de kilomètres, et rebelote. Quand je dis « c’est bien foutu », pour la banque surtout, pas pour moi ! Mais revenons à Virginie, elle bosse dans un Ehpad vers Nanterre. Selon ses horaires, parfois elle dort chez sa mère à Cergy, surtout l’hiver, la route est plus directe et toujours dessalée lorsque ça gèle… (...)

Valérie Voyer : « Assez de greenwashing. »

Cessez les mesurettes de greenwashing, incohérentes et désordonnées, qui cachent mal votre ignorance crasse des enjeux écologiques. Notre avenir à tous mérite mieux que des sommets de puissants, où chacun se sera rendu en jet privé, des discours obscènes de mensonges, des larmes de crocodile. Nous avons besoin d’une vraie planification écologique, au centre de notre économie qui ne peut dès lors être capitaliste. Quel cynisme : tenter de faire payer aux plus pauvres les conséquences de vos politiques minables, alors qu’on sait qu’en France et de par le monde ce sont les plus pauvres qui sont les premiers touchés par la pollution et les dérèglements de notre écosystème. (…)

Olivier Favory : « Des arguments qui ne tiennent pas debout. »

Il est complètement idiot d’avoir un tel taux de chômage des jeunes et de repousser l’âge de la retraite, ou de faire en sorte que les gens ne puissent la prendre en rabotant leurs droits. De plus, c’est un peu un contrat, cette retraite : quel industriel accepterait de travailler plus longtemps avec moins de revenus. Et l’argument financier avec une société où 26 personnes détiennent autant que la moitié de l’humanité ne tient pas du tout. (...)

Chopin Camille, opticienne à Flixecourt : « Du gâchis »

Dirigeante de ma TPE depuis presque dix ans, je viens de m’apercevoir que l’État, par le biais du Cice, me faisait cadeau de 2 200 euros. Pourquoi ? Normalement pour embaucher ! Vous conviendrez qu’il est impossible d’embaucher avec cette somme. On m’a parlé d’investissements. Mais mon entreprise fonctionne bien et je n’ai pas besoin de cette aide. Il est insupportable de voir que l’État donne aux entreprises sans engagement en retour. Sachant que j’ai deux employées, une opticienne à temps plein et une femme de ménage. Rendez-vous compte du gâchis de tout cet argent ! Cet outil est injustifiable ! Combien d’entreprises en forme ont bénéficié de cet avantage ? Je n’ose imaginer les montants pour les plus grosses entreprises. (…) Tant qu’on ne sera pas aussi exigeant en France avec les entreprises qu’avec les salariés, on n’y arrivera pas ! Et c’est une chef d’entreprise qui vous parle (...)