Avec le cinéaste Nicolas Klotz qui a co-réalisé (avec Elisabeth Perceval) "L’héroïque Lande (La frontière brûle)" en salles le lendemain. Et avec l’anthropologue Michel Agier qui a coordonné l’ouvrage collectif "La jungle de Calais" (PUF, mars 2018)

La première chose qui frappe, c’est le sentiment d’être dans un monde de science fiction. Les réfugiés politiques, économiques, climatiques, c’est le monde de demain. La France et l’Europe ont un retard énorme en se refermant comme ça. La jungle était une ville de l’accueil que les réfugiés inventaient eux-mêmes." Nicolas Klotz

Un cinéaste et un anthropologue nous parlent de leur jungle de Calais, celle qu’ils ont vue et qu’ils veulent aujourd’hui rendre visible. Un lieu « habité » avant d’être démantelé, un laboratoire aussi du monde tel qu’il va aujourd’hui.

Le gouvernement n’a pas accueilli les migrants, donc ils ont rendu eux-mêmes la jungle hospitalière, vivable, et autonome. C’est ça qui a fait peur au pouvoir : la création d’une communauté viable en dehors des structures étatiques." Michel Agier

Leurs deux démarches complémentaires : d’un côté, le film « L’Héroïque Lande : la frontière brûle » de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval, en salles le 11 avril prochain, raconte la trajectoire des migrants présents à Calais et les transformations du lieu, entre janvier 2016 et janvier 2017. De l’autre, un essai collectif intitulé «  La Jungle de Calais », paru le 28 mars aux Presses universitaires de France, dirigé par l’anthropologue Michel Agier, Directeur d’Études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). Il se propose de comprendre la situation depuis la naissance de la Jungle, saisir « l’événement Calais, cet objet social, médiatique, politique, sans précédent » : « l’histoire de Calais est moins l’histoire d’une migration qui augmente que celle d’une frontière qui se ferme à certaines populations » (...)