
Nous vivons une rupture historique qui concerne le peuplement de la planète. Elle se traduit dans les évolutions sociales, écologiques, démocratiques et géopolitiques. L’évolution des migrations s’inscrit dans la phase de la mondialisation capitaliste, celle de la financiarisation et du néolibéralisme.
Elle en révèle les contradictions : l’explosion des inégalités avec les migrations économiques ; les limites de l’écosystème planétaire avec les migrations environnementales ; les déséquilibres géopolitiques avec les guerres et les migrations de réfugiés ; les idéologies racistes et sécuritaires avec le rejet des migrants.
Dans ces temps moroses, les contradictions restent présentes et les mobilisations répondent à la montée des dangers. Les idéologies mortifères occupent le terrain et les premières pages des médias. Les racismes, les xénophobies, les discriminations, les idéologies sécuritaires ont le vent en poupe ; elles convergent dans la haine des migrants et des étrangers. Elles sont d’autant plus violentes qu’elles se heurtent à de fortes résistances. Les manifestations de solidarité s’expriment dans toutes les sociétés. Elles s’opposent aux manifestations de rejet manipulées par des discours hystériques. Elles s’opposent aussi à la montée des ordres sécuritaires par des pouvoirs qui les utilisent comme des dérivatifs par rapport aux régressions sociales et démocratiques. Elles sont confrontées à la criminalisation des migrants, des mouvements sociaux et citoyens et des actes de solidarité. (...)
L’alternative, c’est celle du droit international qu’il faut faire progresser et protéger des offensives de la subordination au droit des affaires et des multinationales. L’avancée serait celle de la reconnaissance du droit à la liberté de circulation et d’installation ; à la complémentarité entre le droit de vivre et travailler au pays et le droit à la libre circulation ; le droit à une protection sociale universelle opposée au libre-échangisme et au dumping social, fiscal et environnemental.
L’affirmation du droit à la liberté de circulation n’est pas un tabou, contrairement à ce que prétendent certains « faiseurs d’opinion ». Nous en trouvons la confirmation dans la campagne pour la libre circulation en Afrique lancée par des associations de défense des droits humains africaines, coordonnée par l’Observatoire Ouest Africain des Migrations et par Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLUA) qui représente toutes les collectivités locales africaines. La liberté de circulation est très peu reconnue en Afrique, seule la CDEAO accepte la liberté de circulation et d’installation en Afrique de l’Ouest, et la SADEC, accepte la liberté de circulation en Afrique de l’Est.
Cette campagne est une illustration de l’intérêt d’une alliance stratégique entre les collectivités locales et les mouvements sociaux et citoyens (...)
Cette prise de position de l’Union Africaine pour la libre circulation peut avoir son importance dans les débats aux Nations Unies sur le Pacte mondial sur les migrations énoncera une série de principes et d’engagements des États en matière de migration. Les négociations entre les Etats menant à l’adoption du « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » s’étendront de février 2018 à Juillet 2018. Les associations africaines et les institutions nationales des droits de l’homme en Afrique, réunies en séminaire le 7 mai 2017 à Niamey, ont rappelé l’importance de cette échéance et appelé à se manifester.