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Cancers des enfants et pollution : « l’omerta » continue
Article mis en ligne le 12 août 2022

Un chercheur étasunien révèle le lien étroit entre l’augmentation des cancers pédiatriques et les pollutions chimiques. Face à cette « crise chimique », il appelle à renforcer la réglementation.

Il y a des chiffres qui laissent sans voix, et déclenchent la colère de scientifiques. Pourquoi le problème environnemental n’est-il pas pris à bras-le-corps dans la lutte contre les cancers pédiatriques ? Voilà le débat que soulève le professeur Philip Landrigan, directeur du Global Observatory on Planetary Health au Boston College et chargé de mission au sein du Centre scientifique de Monaco, qui a publié, le 8 juin dernier, une étude sur le lien entre l’augmentation des cancers chez les tout-petits et les pollutions chimiques.

Si la recherche dédiée aux traitements n’a cessé de se développer ces cinquante dernières années, en parallèle, le nombre de cancers pédiatriques a augmenté. Le bilan est sévère (...)

« Trop rapide pour être d’origine génétique », cette augmentation ne peut non plus uniquement être expliquée par un meilleur accès aux soins médicaux, insiste le chercheur auprès de Reporterre.

Au moins 120 produits chimiques dangereux (...)

Dans son viseur : les produits chimiques manufacturés, des matériaux fabriqués en quantité astronomique depuis les années 1950 et dont « la production mondiale devrait être multipliée par deux d’ici 2030 ».

Leurs conséquences sur la santé ne cessent pourtant d’être documentées depuis de nombreuses années. Parmi les plus toxiques qui polluent l’ensemble de la planète : les biphényles polychlorés (un isolant électrique dont la production est interdite en France), les multiples pesticides, les retardateurs de flammes bromés (utilisés dans les plastiques, les textiles, l’électroménager) ou les phtalates (des plastifiants).

« Nous volons sans radar. »

En s’appuyant sur l’examen méticuleux des données épidémiologiques et toxicologiques publiées sur plus d’un millier de produits chimiques, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), dépendant de l’OMS, a révélé qu’au moins 120 d’entre eux sont la cause directe de cancers. Plus inquiétant encore, « l’exposition dans les 1 000 premiers jours d’une vie est particulièrement dangereuse », martèle Philip Landrigan.

Pourtant, « la plupart de ces substances cancérigènes sont encore autorisées dans le commerce » (...)

« Peu ou pas d’évaluation de leurs dangers potentiels »

Auprès de Reporterre, André Cicolella, président de l’association Réseau Environnement Santé, abonde dans le même sens : « Cette étude vient, une fois de plus, certifier ce que l’on sait déjà. Mais la négation du lien entre l’évolution du nombre de cancers et l’environnement reste paradoxale. » Alors que ce lien ne cesse d’être démontré, il estime que ni le gouvernement ni la recherche ne s’y penche suffisamment. (...)

« Il est urgent de casser cette omerta sur les causes environnementales du cancer. » (...)
L’agence américaine gouvernementale de recherche sur le cancer, le National Cancer Institute, ne dédie qu’environ 1 % de son budget consacré aux cancers pédiatriques à la recherche sur les causes environnementales. (...)

un appel plein d’espoir au monde de la recherche : « Le temps est venu pour les communautés de l’oncologie et de la santé publique de s’unir pour faire face ensemble à l’augmentation de l’incidence du cancer chez l’enfant » et de déployer des programmes de recherches « axés sur la prévention », visant « à découvrir les causes environnementales des tumeurs malignes chez l’enfant ». (...)