
De nouveaux éléments jettent le discrédit sur l’investiture de Valérie Pécresse comme candidate du parti Les Républicains. Des centaines de faux adhérents ont gonflé les rangs du parti juste avant le congrès, révèle « Libération » : ressortissants étrangers ne parlant pas le français, personnes décédées…
Déjà ternie par les défections d’élus, l’échec du meeting parisien et les critiques qui pleuvent en interne, la campagne de Valérie Pécresse voit désormais sa légitimité remise en question. D’après une enquête de Libération, le corps électoral qui l’a désignée comme candidate du parti Les Républicains (LR), le 4 décembre dernier, était composé d’au moins « plusieurs centaines de votants » fantoches : membres d’associations communautaires, personnes en situation irrégulière, personnes décédées et même… un chien.
Le quotidien cite en effet l’exemple de Douglas (il s’appelle en fait Clovis, révèle Nice-Matin), inscrit à LR par son maître, un sympathisant d’Éric Ciotti dans les Alpes-Maritimes. Ce dernier a affirmé à nos confrères l’avoir fait « pour tester, pour voir si c’était faisable ». Au-delà de cas individuels de ce type, qui confirment l’inefficacité des processus de vérification que le parti assurait avoir mis en place, se dessine via l’étude du fichier des adhérent·es un véritable système d’adhésions massives, aux ressorts clientélistes et communautaristes. (...)
En Île-de-France, la région dont elle est présidente, des leaders d’associations communautaires liées à Valérie Pécresse ont fait adhérer massivement des membres de leurs structures et certains de leurs proches. De nouveaux venus qui ont pu compter : le 2 décembre dernier, seulement 1 200 voix séparaient Valérie Pécresse et Michel Barnier à l’issue d’un premier tour serré.
Libération a retrouvé plusieurs adhérent·es récent·es de LR qui parlent peu ou pas le français et qui ne connaissent pas Valérie Pécresse. « On nous l’a demandé alors on l’a fait, déclare Suyan Z., une restauratrice du Val-de-Marne. C’est comme ça chez nous. » (...)
Des témoignages qui font écho aux révélations de Mediapart, en décembre dernier, sur les centaines d’électrices et électeurs que revendiquait d’avoir rabattu·es un élu de Villepinte, proche de Valérie Pécresse et influent au sein de la communauté franco-asiatique.
Adjoint à la mairie de Villepinte, Ton-Tona Khul, qui a obtenu l’investiture LR pour les législatives, avait confirmé avoir rameuté des centaines de personnes issues des communautés cambodgienne, chinoise, laotienne ou vietnamienne d’Île-de-France, tout en reconnaissant qu’une partie d’entre elles n’avaient pas la nationalité française. Ce que permettent les règles internes de LR, mais qui demeure pour le moins cocasse concernant un parti refusant de donner le droit de vote aux étrangers… (...)
Comme l’avait raconté Mediapart en juin 2021 (lire ici), des centaines de faux militants avaient été rameutées par des représentants d’associations communautaires, pour certaines financées par la région Île-de-France que préside Valérie Pécresse, pour gonfler les rangs du meeting. Plusieurs participants avaient expliqué qu’ils ne connaissaient pas le parti de Valérie Pécresse ou ne partageaient pas ses idées… (...)
Outre-mer, l’enquête de nos confrères confirme la mobilisation surprenante à Mayotte en faveur de Valérie Pécresse. La fédération locale, qui a fait passer son nombre d’adhérent·es de 300 à 700, a fait arriver l’élue francilienne « largement en tête » aux dires de son porte-parole local, Abdoul Doukaini (le parti n’a pas communiqué de résultats géographiques). Parmi les adhérents récents, Bidami T., un agent d’entretien qui l’a fait parce que « le maire a demandé de l’aide », ou Moura M., un chauffeur de bus qui reconnaît : « Si le parti me dit de voter, je suis obligé. »
Mercredi après-midi, rares étaient les élu·es de droite à vouloir commenter cette nouvelle embûche dans la campagne de Valérie Pécresse. « Le parti va communiquer », se contentait-on de répondre dans l’équipe de la candidate. (...)
Christian Jacob a annoncé qu’il saisirait le procureur de la République contre Libération et ses journalistes, dénonçant une « tentative de déstabilisation » pour « délégitimer » Valérie Pécresse.
Chez les concurrents battus du congrès, on jurait ne pas vouloir rallumer les braises de la division. (...)
Auprès d’Éric Ciotti, on soufflait : « Il faut qu’elle trace sa route. Après tout, Fillon était à deux doigts de se qualifier en 2017, malgré toutes les affaires. » Une comparaison dont se passeraient bien les proches de la candidate.