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Cantine, infirmerie, bibliothèque… Nuit debout partage les communs
Article mis en ligne le 28 avril 2016

En un mois d’occupation de la place de la République, Nuit debout a spontanément mis au point une organisation. Tous les jours, les bénévoles font vivre les biens communs pour que vive le mouvement.

Depuis le jeudi 31 mars, Nuit debout se tient place de la République. Chaque jour, des centaines de personnes s’y retrouvent pour discuter des possibilités de remplacer le système social et économique actuel. L’organisation est devenue un outil majeur du bon déroulement du mouvement. Au fur et à mesure, différents pôles se sont installés : infirmerie, cantine, accueil… Pour chacun d’eux, matériel et savoirs sont mis en commun par les occupants de la place. Des ressources autant nécessaires qu’éphémères car chaque jour, la police démonte des stands remontés le soir-même. (...)

« Au début, on n’était pas très bien organisés, on a installé la cantine un peu dans l’urgence, explique Delphine, bénévole à la cantine Nuit debout presque chaque jour. Maintenant, on fait plus attention à l’aspect écologique de la cantine. On a installé depuis peu le système d’auto-wash ; chacun fait sa vaisselle après avoir utilisé les couverts communs, cela évite le plastique. » (...)

ci, chacun paye ce qu’il veut après s’être servi. Bouba, un chômeur de 43 ans, vient se restaurer après avoir suivi plusieurs commissions en fin d’après-midi : « La caisse commune est une très bonne idée, si la société fonctionnait comme ça, elle serait plus juste. Cela permet à tout le monde de manger. » En bout de table, une boîte est mise à disposition pour récupérer la monnaie. Toutes les trois heures, un responsable récupère son contenu pour mettre l’argent à l’abri. « On nous pose beaucoup de questions sur le devenir de l’argent. Mais nous voulons être totalement transparents. On récupère environ 300 à 400 euros par jour et on les réinvestit pour les jours suivants, dans de la vaisselle ou de la nourriture », affirme Mickael.

Située au cœur du mouvement, la cantine est l’une des cibles préférées des forces de l’ordre, qui tentent de désorganiser le rassemblement. Le lundi 11 avril, plusieurs agents ont ainsi jeté la soupe dans le caniveau, sous l’œil de sans-abri. Depuis, des barrières humaines viennent de temps en temps entourer l’espace cantine afin de protéger les stocks. Mickael explique : « Les policiers savent très bien que, s’ils nous coupent nous, la cantine, ils affaiblissent le mouvement. » Tous les jours délogée, la cantine se réinstalle, encore et encore. (...)

C’est au pôle accueil que les participants viennent chercher toutes les informations relatives à la Nuit debout. Chaque commission s’y déclare afin d’être référencée sur les affiches accrochées aux arbres de la place. La carte de l’organisation de la place, créée par une géographe, n’est plus distribuée, victime de son succès. Elle a été remplacée par un schéma dessiné sur un tableau pour aider à se repérer. L’accueil est aussi l’occasion de gérer les différentes commissions : « Quand elles ont des problèmes, elles viennent parfois nous voir, on essaye alors de les coordonner. Ou, quand deux commissions sont créées et qu’elles se ressemblent, on essaye de les réunir », explique Émile, avant d’ajouter : « Tous les jours, il y a une nouvelle bonne raison de venir nous déloger, mais tous les jours on revient quand même, c’est pas grave. » (...)

Quelques militants de la Nuit debout apportent du nécessaire de premier secours (compresses, antiseptique…) quand ils le peuvent. Aucun médicament ne doit être présent sur place. L’infirmerie étant démontée à minuit, des volontaires continuent d’assurer les premiers soins dans la nuit. Mais, l’infirmerie ne s’arrête pas à sa fonction sanitaire : elle recense aussi les photos des blessures faites par des CRS afin de défendre les victimes par la suite. (...)

Organisée par le collectif Savoirs Com1, une bibliothèque commune s’est installée depuis le samedi 9 avril sur la place de la République. Chacun peut choisir un livre et en déposer en échange. L’idée est de partager la connaissance et de faciliter sa diffusion en proposant une bibliothèque sans contrainte ni engagement (...)

« Si l’on veut être crédibles, il faut rester sur place », indique Solène, étudiante parisienne. C’est pourquoi, après s’être fait confisquer la plupart de son matériel par les forces de l’ordre, un petit groupe a décidé de réinstaller un campement. Pour ce faire, une liste est mise en place où chacun inscrit ce qu’il prête. Une caisse commune est également à disposition de ceux qui veulent participer à l’achat de matériel. Michael tient le stand avec six autres personnes (...)