Attentes et appréhensions. Sur les montagnes grecques la première neige est attendue pour la fin de la semaine d’après la météorologie, et alors à travers le pays, on ramasse, on achète et on stocke le bois comme chaque année depuis la dite “crise”. À Athènes, devant les kiosques, les Grecs scrutent, ou plutôt commentent ainsi très aigrement ce que la presse croit vouloir rapporter. “Tous menteurs”, bonne blague !
Les... grands medias francophones (et autres) du Vieux continent ignorent systématiquement les nouvelles grecques, signe des temps ? “Voilà le résumé de la situation : ‘Le problème grec a été réglé en 2015’, nous disent-ils depuis les rédactions des quotidiens et des autres medias. ‘La Grèce n’intéresse plus les Français’, du coup, nos papiers, nos sujets ne trouvent plus preneur.” Témoignage d’un journaliste correspondant (en freelance) de plusieurs médias francophones, installé à Athènes, rencontré récemment.
Cet “oubli” n’est cependant pas si absolu qu’il n’en a l’air. La semaine dernière, la Caravane de la solidarité, organisée par de collectifs français est arrivée en Grèce, apportant du matériel médical et de médicaments à destination des dispensaires sanitaires et sociaux autogérés grecs. (...)
Lors de l’interview que Pascal Franchet, membre de la Caravane solidaire, a accordé à l’ERT (télévision grecque - 24 octobre 2016), l’essentiel a été ainsi formulé :
“Depuis bientôt cinq ans, des collectifs et associations de soutien au peuple grec ont vu le jour en France pour expliquer au peuple français les causes de la crise qui sévit en Grèce et pour apporter une solidarité concrète par l’acheminement de médicaments”.
“Ces collectifs et associations existent dans une trentaine de départements et dans la plupart des régions françaises. Ils sont unitaires et composés d’organisations politiques de gauche, de syndicats, d’associations altermondialistes et de simples citoyens. Leur objet n’est ni humanitaire, ni caritatif, mais militant et solidaire. C’est une action de solidarité entre les peuples. Au fil des années, des liens directs se sont tissés entre ces collectifs français et les acteurs des centres sociaux autogérés grecs. Des envois réguliers de médicaments, de matériels médicaux et d’argent ont lieu. Des liens personnels d’amitié se sont créés”.
“Des collectes sont organisées auprès de la population en France. Les donateurs sont de simples citoyens, des professionnels de la santé (pharmaciens, médecins généralistes et spécialistes, infirmiers libéraux) et des structures de santé (hôpitaux, maisons de retraite et autres structures de soins). Les divers produits collectés sont sélectionnés et triés par des professionnels de la médecine”. (...)
“Ces mesures d’austérité faites en son nom ne sont pas plus justifiées en Grèce qu’en France. Cette injustice est fondamentalement la même pour tous les peuples européens. Un autre point commun aux populations grecque et française est la perte de la souveraineté politique nationale au profit de l’Union Européenne qui se comporte comme un super État antidémocratique et incontrôlé, réducteur des acquis sociaux des peuples européens au lieu d’œuvrer à une harmonisation économique et sociale entre les économies des États de l’Union” (...)
“La caravane militante et solidaire repart vide du matériel médical apporté mais chargée de richesses humaines échangées, de solidarités extraordinaires et d’amitiés enthousiasmantes. (...) Nous savons aussi que la sortie des ténèbres ne sera pas chose aisée, mais qu’elle est dorénavant nécessaire et possible et que nos luttes communes le permettront” (...)
près d’un ménage sur six (17.7%) occupe un logement impropre, aux toitures qui suintent l’eau de la pluie, aux murs et aux sols humides etc. Dans l’ensemble, plus de 4.512.000 Grecs font désormais face au risque de la pauvreté, et leurs enfants bien davantage. Il est significatif que 230.774 enfants vivent au sein de ménages... sans travailleurs et pratiquement sans aucun revenu, (presse grecque du 24 octobre).
Les amis de la Caravane Solidaire venus de France ont raison. Ces mesures d’austérité faites en son nom ne sont pas plus justifiées en Grèce qu’en France et cette injustice est fondamentalement la même pour tous les peuples européens. Sauf disons-nous, sur un point qui ne relève pas du détail : La dite Union Européenne n’a jamais été... fabriquée dans le but d’œuvrer à une harmonisation économique et sociale entre les économies des États. Ou alors sinon... dans l’esclavage, s’agissant d’emblée d’un projet totalitaire (au même titre que les Traités actuels dits “Transatlantiques”), une UE, qui n’a jamais été simplement “anti-démocratique par inachèvement”, comme aiment la présenter encore certains, sans plus convaincre me semble-t-il. (...)