
Qu’un journal affirme ses opinions réactionnaires, c’est bien là son droit et il n’y a pas de quoi s’en étonner ou s’en émouvoir. Mais lorsqu’un « magazine » – fût-il polémique et très à droite – propose un « dossier » de trente pages sur un sujet aussi complexe et important que le féminisme, et qu’il utilise les pires procédés pour ridiculiser ce combat, la critique s’impose.
Au-delà de l’idéologie qu’il véhicule, le dossier de Causeur consacré à la « terreur féministe » (sic), puisque c’est de lui dont il s’agit, concentre ainsi, à de rares exceptions près, les pires pratiques journalistiques – s’il nous est encore permis de parler de journalisme : caricatures, clichés, raccourcis, amalgames, refus de donner la parole à celles dont on parle, etc.
Un modèle du genre donc, qui permet au magazine dirigé par Élisabeth Lévy de propager un discours empreint d’idéologie réactionnaire [1] sous couvert d’ « enquête » journalistique. (...)
Le terrorisme et le totalitarisme sont des sujets trop sérieux pour que nous ironisions davantage sur les pitoyables amalgames de Causeur. Nous nous contenterons donc de signaler que contrairement aux régimes totalitaires et au terrorisme, le féminisme n’a jamais affamé, enfermé, déporté, tué ou massacré. Et, en pensant aux femmes victimes des multiples formes de violences qui les touchent spécifiquement, nous nous permettrons de rappeler cette formule féministe pleine de bon sens : « ce n’est pas le féminisme qui tue, c’est le patriarcat ». (...)